Réincarnation : des vies, une conscience -
MORCEAU D’ARCHITECTURE – RL NETJER – G∴L∴T∴I∴
Cela commence toujours de la même façon. Par une connexion. Entre notre réalité tangible qui nous entoure et notre monde intérieur. C’est un retour de la multiplicité à l’Unité, un désir de se relier à plus grand que soi, car « c’est par sa conscience que l’homme est relié au divin. »
Lorsque les techniques d’hypnose et de méditation profonde ont activé cette connexion, alors ce qui relie délie : délie la parole, délie les mémoires, ouvre des portes…
Les personnes venus me consulter lâchent alors prise, portés par leur intuition. Et ils parlent ; des images surviennent et ils évoquent des lieux, des époques et des évènements qui ne sont pas des souvenirs de leur propre vie. Pourtant, des éléments paraissent familiers, comme faisant écho dans leur propre existence à des situations familières, à des schémas comportementaux ou parfois à des souffrances pour lesquelles la médecine « psy » conventionnelle n’a rarement d’autres réponses que pharmacologiques.
Lors de ces séances, grâce à la méthode d’hypno-résonance développée par Lise Bartoli, une autre connexion s’opère : entre le consultant et son thérapeute. Des flashs intuitifs en appellent d’autres, des pans d’autres vies émergent à la conscience ; des noms, des dates, des lieux qui conduisent parfois jusqu’à l’identité de personnes dont on peut attester de la réalité historique.
Plus extraordinaire encore, la résurgence du passé d’un autre individu amène à la guérison. Le consultant, en intégrant les souffrances d’une personne décédée depuis longtemps, donne enfin un sens à ses propres problématiques.
Les effets sont tels que la « karmathérapie » est devenue aux États-Unis la troisième des thérapies alternatives après les cures anti-tabac et d’amaigrissement.
Ce type de thérapie vise à ramener, en état modifié de conscience, des souvenirs d’épisodes signifiants, souvent traumatisants, qui seraient issus de vies antérieures.
Les éléments en faveur de la théorie de la réincarnation apportés par ces techniques sont appelés « preuves » induites ou provoquées par un expérimentateur, par opposition aux « preuves » qui se manifestent spontanément chez des personnes, le plus souvent des enfants âgés de 2 à 5 ans.
- Les premières études scientifiques
Les premières études scientifiques sur le sujet ont été menées à partir de 1967 par le canadien Ian Stevenson, psychiatre et professeur du département de psychiatrie à l’Université de Virginie.
Jusqu’à sa mort en 2007, il étudia méticuleusement pendant plus de 40 ans plusieurs milliers de cas d’enfants ayant des souvenirs de vies passées. De nos jours, c’est son élève le professeur Jim Tucker qui poursuit ses recherches au sein de la Division des Études de la Personnalité.
Pour permettre d’avoir des données scientifiquement exploitables, le professeur Stevenson a concentré ses recherches sur les cas qui présentaient l’une de ces trois anomalies :
- des anomalies de la mémoire, c’est à dire des souvenirs d’enfants en bas âge sur une vie passée,
- des anomalies comportementales (phobies, troubles inexpliqués, talents insolites de type « enfant prodige »)
- des anomalies corporelles (malformations congénitales, marques de naissance, prédispositions à certaines maladies)
La méthodologie du Professeur Stevenson a fait en sorte d’éliminer tous les cas qui résulteraient de tromperies délibérées. Des centaines de témoignages sont particulièrement troublants et suggèrent fortement la réalité de la réincarnation. Si tous ces cas ne la prouvent pas définitivement, certains sont à tel point infalsifiables qu’ils n’auraient pu être obtenus que par des moyens supranormaux (télépathie, médiumnité, accès à une mémoire collective, etc.)
Mais au-delà de la véracité historique de nombreux récits, c’est l’impact thérapeutique qui interpelle plus encore et fait pencher la balance en faveur de la thèse réincarnationniste. L’effet thérapeutique a parfois été découvert par hasard, lors de séances d’hypnothérapie conventionnelle ; comme celles que conduisait dans les années 80 le Docteur Brian Weiss, psychiatre neurologue. Imaginez la surprise de ce médecin lorsqu’il demande à certains de ses patients en état d’hypnose de revenir au moment où ont commencé les symptômes de leurs phobies et que ces derniers se mettent à décrire une vie très ancienne avec un luxe de précision !
Écartant la piste de troubles cognitifs ou psychotiques, le Docteur Weiss constate aussi que les phobies disparaissent à mesure que les « souvenirs » sont exprimés.
Ces travaux ne suffisent pas eux-seuls à prouver scientifiquement la réincarnation. C’est pourquoi la recherche tend à être de plus en plus pluridisciplinaire en ce domaine, en faisant collaborer transversalement la psychologie avec la biologie moléculaire notamment.
- De l’origine du nom « réincarnation »
Par souci de simplicité, et parce ce que ce nom est passé dans le langage courant, j’ai utilisé jusqu’à maintenant le seul mot « réincarnation » pour exprimer une forme de survivance après la mort. Ce terme est très récent et aurait été utilisé pour la première fois par Allan Kardec, le fondateur du spiritisme, en 1857, dans son ouvrage « Le Livre des Esprits ».
Dans les religions orientales, où ce concept est central et omniprésent, on parle simplement de « renaissance », car il n’est pas question à proprement parler de transit de la conscience d’un corps de chair dans un autre.
Selon les croyances qui définissent quelle partie de l’être est amenée à survivre et sous quelles conditions, dans quel corps un être vivant peut renaître (humain, végétal, animal…), les termes abondent : palingénésie, métempsycose, transmigration, métensomatose…
Je vous épargnerai dans l’immédiat l’explication de toutes ces nuances qui relèvent surtout du dogme pour continuer à n’utiliser que le mot « réincarnation », dans son acceptation la plus universelle, à savoir la continuité de la conscience post-mortem, la mort n’étant qu’un seuil, une frontière ou une dimension inconnue.
Dans l’Encyclopedia of Biblical, Theological and Ecclesiastical Litterature, John McClintock et James Strong écrivent que « la transmigration, qui date de la plus ancienne Antiquité et qui est répandue sur toute la planète, a l’air d’être anthropologiquement innée et d’être la première notion d’immortalité venue à l’esprit de l’homme. »
Ce mythe de l’Éternel Retour a pu être construit par analogie avec l’idée d’un temps cyclique ; nos ancêtres chasseurs-cueilleurs puis agriculteurs étant attentifs au périodes de mouvements des troupeaux et au temps des semailles. Autour d’eux, tout avait un début, un temps de croissance, de décroissance, puis une fin : le jour et la nuit, les saisons, les lunaisons, les menstruations des femmes.
Aujourd’hui, face à une telle somme de données et de témoignages, compilés, analysés, trouvés sur tous les continents et à toutes les époques, on peut raisonnablement se demander si cette seule raison est suffisante.
La réincarnation est en effet le seul concept sur la mort commun à toutes les civilisations et à tous les courants philosophiques et religieux. Si cela ne nous apparaît plus comme une évidence dans notre monde occidental moderne, c’est que cette croyance a été évacuée des grandes religions monothéistes, parfois avec une rare violence. À cela des raisons autant politiques que philosophiques et théologiques, la vision eschatologique d’un temps linéaire ayant remplacée celle d’un temps cyclique éternel.
- La réincarnation dans L’Égypte ancienne
L’idée de transmigration a été vraisemblablement véhiculée par les religions primitives les plus anciennes comme le chamanisme ou l’animisme car elle faisait sens avec la conception d’un être humain non séparée de la nature et des autres espèces vivantes, chaque être étant une fraction d’un Grand Esprit ou engendré par une même Déesse-Mère qui contribuait à la vie de tout un chacun.
En Égypte ancienne, l’idée de réincarnation apparaît dès les toutes premières dynasties, il y a 5000 ans, sous les traits d’Heket, une déesse à tête de grenouille. C’est elle qui insuffle la vie (ânkh) dans les nouveau-nés ; leurs enveloppes corporelles avec leur ka (double éthérique) sont façonnées préalablement par son époux le dieu Khnoum sur son tour de potier à l’aide du limon du Nil.
Lorsque la mort d’un être humain survient, les éléments subtils qui le composent (le double vital ka, l’âme ba, l’ombre shout et l’âme-personnalité akh) continuent leur voyage dans l’Amenti, chacun de leur côté. Seule une momification selon les rites et la forme accoutumée, pouvaient permettre une bonne réincarnation. En l’absence d’embaumement rituélique et d’ouverture de la bouche, le défunt risquait de se réincarner sans son ombre shout, composante essentielle de la personnalité humaine, et être voué à une nouvelle vie misérable.
- La réincarnation dans les exigions traditionnelles africaines.
Le concept de réincarnation est présent sur les terres égyptiennes depuis des temps immémoriaux et l’est aussi sur l’ensemble du territoire africain.
« Dans les religions traditionnelles africaines, les esprits des ancêtres et des déités mineures interagissent avec le monde visible en s’incarnant (d’eux-mêmes ou par invocation) dans les vivants, les animaux et les objets. » (Source : Wikipédia)
Les entités du monde invisible sont présentes dans la nature entière, en tout lieu, accompagnés des morts qui attendent leur incarnation.
L’anthropologue Julien Bonhomme, dans son livre « le miroir et le crâne: Parcours initiatique du Bwete Misoko (Gabon) » évoque « un mythe initiatique (qui) raconte comment la navette incessante de l’araignée Dibobe assure la rotation indéfinie des esprits entre les vivants et les morts. Lorsque l’esprit d’un mourant s’échappe dans un dernier souffle, l’araignée descend du ciel le long de son fil et vient le recueillir pour le ramener au village des ancêtres. Elle redescend ensuite déposer cet esprit qui est réinsuffler dans le ventre d’une femme lors de l’éjaculation. »
- La réincarnation dans la Grèce antique
Le principe de migration des âmes a été au cœur de la pensée grecque. Dès le VIe siècle avant notre ère, le courant mystique orphique véhicule l’idée que l’âme humaine est condamnée à un cycle de réincarnations à laquelle seule l’initiation peut mettre fin et lui permettre de réintégrer la félicité de l’union avec le principe divin. L’orphisme s’articule sur le mythe de la descente aux enfers d’Orphée qui inspira le pythagorisme et les mystère dionysiaques (pour Dionysos, du grec δίογονος, le « deux fois né »).
« Tour à tour tu es mort et tu es né, ô trois fois bienheureux, en ce jour. Dis à Perséphone que c’est Dyonisos lui-même qui t’as délivré. » (Lamelles d’or de Pelinna)
Dans l’archipel des Cyclades, Phérécyde de Syros , un des Sept Sages, fut profondément influencé par l’orphisme et l’un des premiers penseurs à s’exprimer sur l’immortalité de l’âme. Il fait partie des philosophes pré-socratiques qualifiés « d’hyperboréens » ou d’ « apolliniens » en raison de leurs pouvoirs de mage et de chaman. Ce n’est en rien anecdotique car la conceptualisation même de la réincarnation, qui implique la séparation du corps physique de sa composante immatérielle, n’est vraisemblablement pas étrangère à l’expérimentation de rites chamaniques tels que les sorties hors du corps et les états modifiés de conscience.
Phérécyde fut enterré par son élève Pythagore.
Ce dernier développa toute une théorie sur la transmigration des âmes. On ignore encore de nos jours quelles ont été ses sources d’inspiration : son vieux maître Phérécyde de Syros, le courant orphique ou ses voyages en Inde et en Égypte ? Peut-être un peu tout cela à la fois.
Dans sa « Vie de Pythagore », Porphyre rapporte les enseignements du philosophe :
« L’âme est immortelle […]. À beaucoup de ceux qui l’abordaient il rappelait la vie antérieure que leur âme avait jadis vécue avant d’être enchaînée à leur corps actuel. »
Et à Héraclide du Pont, Pythagore affirma s’être incarné successivement en simple pêcheur, chaman et prêtre d’Apollon.
Un disciple de Pythagore, Empédocle, à qui l’on doit la théorie des 4 éléments qui régissent l’univers (Feu, Eau, Air, Terre), était lui aussi convaincu de la nature immortelle et divine de l’âme.
« Si jamais l’une des âmes a souillé criminellement ses mains de sang, ou a suivi la Haine et s’est parjurée, elle doit errer trois fois dix mille ans loin des demeures des bienheureux, naissant dans le cours du temps sous toutes sortes de formes mortelles, et changeant un pénible sentier de vie contre un autre. […] Car je fus, pendant un temps, garçon et fille, arbre et oiseau, et poisson muet dans la mer. » (De la Nature, fragments, 117)
Empédocle était considéré comme particulièrement excentrique, jusque dans la mort. Une légende raconte qu’il se serait jeté dans la fournaise de l’Etna, abandonnant ses sandales sur les pentes du cratère à l’attention de ses disciples afin que ceux-ci puissent attester de la réincarnation de leur maître. Les résultats de l’expérience ne sont jamais parvenus jusqu’à nous !
Aristote et Platon ont adhéré au concept de la réincarnation. Selon Platon, le corps (soma en grec) est une tombe (sèma), dont l’âme doit se libérer afin de rejoindre la sphère du divin (Noûs)
Autour du concept de la réincarnation s’est élaboré de nombreuses conjectures et spéculations philosophiques sur l’âme et la nature de la conscience. L’idée s’est aussi nourrie des témoignages de nos lointains aïeux qui ont relaté leurs expériences aux frontières de la mort ou de l’invisible.
- La réincarnation dans le néoplatonisme
Le néoplatonisme s’est construit à partir des apports des écoles de philosophie d’Aristote et de Pythagore et aussi à partir des oracles chaldéens, recueils de révélations et de théurgie, c’est à dire de magie divine. Les connaissances sur l’après-vie et sur l’âme relèvent tout autant de réflexions métaphysiques que de compilations de rites spirituels chamaniques et médiumniques.
Si je ne souscris pas totalement à la thèse de tradition primordiale telle que définie par René Guénon, il y a en tout cas tout un faisceau d’éléments assez éclairants sur la façon dont les connaissances de nos prédécesseurs – aussi empiriques soient-elles – sur la survie après la mort se sont transmises. Derrière les voiles du folklore et du mythe, il y a des dénominateurs communs concernant les plans qui sont au-delà du monde tangible et que notre conscience peut atteindre dans certaines conditions de mort imminente ou d’état modifié de conscience.
Parmi ces dénominateurs communs, la survie post-mortem de la conscience, son incarnation dans différents réceptacles physiques viennent en première place.
La philosophie néo-platonicienne a transmis cette connaissance à son tour aux penseurs de l’Empire romain.
Plotin :
« L’âme pèche, se corrige, subit des châtiments dans le Hadès ou bien dans les corps par où elle passe. »
(Ennéade I, 1, 12)
Virgile, par la bouche du Vénérable Anchise à son fils Énée :
« Les âmes à qui les destins réservent d’autres corps viennent boire dans l’onde du fleuve Léthé les liqueurs apaisantes et les longs oublis. »
(Énéide, 6, 713)
Ovide :
« Tout change, rien ne meurt ; le souffle vital erre, part de là,
arrive ici, d’ici il repart là, et occupe les corps au hasard.
Le souffle venant de corps d’animaux transite vers des corps d’hommes,
et notre souffle passe dans des corps d’animaux, sans jamais mourir.
C’est comme la cire : elle prend facilement diverses figures,
ne reste pas ce qu’elle avait été et ne garde pas les mêmes formes ;
elle est pourtant toujours elle-même. Ainsi j’enseigne que l’âme
est toujours la même, mais qu’elle migre dans des figures variées. »
(Les métamorphoses, 15, 165-170)
Le néoplatonisme influence également les grands courants mystiques des religions monothéistes : la kabbale juive, le gnosticisme chrétien et plus tardivement le soufisme islamique.
- La réincarnation dans le judaïsme
L’œuvre littéraire majeure de la Kabbale, le Sefer ha-Zohar, dont l’origine est incertaine, compile les éléments d’une tradition orale antérieure au IIe siècle. Dans cette exégèse ésotérique de la Torah, il est largement question du « cycle des âmes » (en hébreu « Guilgoul haNeshamot »).
« Aussi longtemps qu’une personne ne parvient pas à atteindre ses objectifs dans ce monde, le Saint, Béni Soit-il, la déracine et la replante autant de fois qu’il faut. » (Zohar I 186b)
La transmigration des âmes au cours de ses incarnations suit le cheminement des sephiroth de l’Arbre de Vie kabbalistique. Chaque âme est vouée à se parfaire dans l’attente de l’avènement du Monde de la Résurrection qui débutera avec la venue du Messie le Jour du Jugement, (Yom HaDin HaGadol).
Dans le Tanakh, la Bible juive, correspondant à l’Ancien Testament de la Bible chrétienne, de nombreux passages font référence à la pré-existence des âmes et il est question de la réincarnation de certaines figures centrales comme Jérémie ou David.
Le cas du prophète Élie est encore plus marquant. Né en 927 avant notre ère, son histoire et surtout sa fin extraordinaire sont contés dans le Livre des Rois.
« Élie et Élisée étaient en train de marcher tout en parlant lorsqu’un char de feu, avec des chevaux de feu, les sépara. Alors, Élie monta au ciel dans un ouragan. » (2 Rois 2, 11)
Dans le livre de Malachie, dont les évènements se déroulent quatre siècle plus tard, il est question de son retour :
« Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable. » (Malachie, 3, 23)
- La réincarnation dans le paléochristianisme
Un demi-millénaire plus tard, ce sont les apôtres qui s’interrogent sur la possible réincarnation d’Élie dans leur maître Jésus.
« Ils lui demandèrent : “ Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? ” Il répondit : “ Je ne le suis pas. ” » (Jean 1,21)
Jésus réfute être la réincarnation du prophète Élie puisque, selon lui, Jean-Baptiste, « c’est lui, le prophète Élie qui doit venir. » (Matthieu, 11, 15)
L’épisode de la guérison miraculeuse de l’aveugle confirme la croyance en la réincarnation des disciples de Jésus lorsqu’ils lui demandent :
« Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ». (Jean 9, 2)
Une cécité de naissance comme châtiment implique à-priori des péchés commis avant, dans une vie antérieure, CQFD…
L’acceptation de la réincarnation semble une évidence pour les chrétiens des premiers siècles ; et elle est reconnue par les plus grands Pères de l’Église.
Origène (185 – 253) enseigne la préexistence des âmes avant la naissance. Après lui, au IVe siècle, le mystique Grégoire de Nysse a pu voir en la réincarnation le moyen de concilier le concept néoplatonicien d’immortalité de l’âme et celui chrétien de la résurrection des morts.
« il y a nécessité de nature, pour l’âme immortelle, écrit-il, d’être guérie et purifiée et que, si elle ne l’a pas été par sa vie terrestre, la guérison s’opère par les vies futures et subséquentes. »
Augustin d’Hippone, dit Saint Augustin (354-430), a lui aussi été imprégné des écrits néoplatoniciens. Lors de son séjour à Milan, il découvre les écrits de Plotin (l’Énnéade), publiés par son disciple Porphyre.
Dans ces « Confessions », il écrit :
« Dis-moi, Seigneur… dis-moi, mon enfance a-t-elle succédé à un âge que j’aurais vécu, interrompue par une mort précédente ? Était-ce celui que j’ai passé dans le sein de ma mère ?… Et avant cette vie, Ô Dieu de ma joie, me trouvais-je quelque part, ou dans un autre corps ? Pour répondre, je ne trouve personne, ni père, ni mère, ni l’expérience d’autrui, ni ma propre mémoire. »
- La réincarnation dans le soufisme
La doctrine pythagoricienne et platonicienne de la transmigration des âmes a influencé les Pères de l’Église, puis s’est fait sentir dans les courants ésotériques de l’Islam, l’ismaélisme et le soufisme. Cette doctrine est appelée Tanasukh.
« Comme l’herbe des champs, j’ai poussé maintes fois sur les berges des cours d’eau. Depuis cent mille ans, j’ai vécu, œuvré et fait des efforts dans toutes sortes de corps. » écrivait Mansur al-Hallaj, un mystique soufi du Xe siècle.
- La réincarnation dans le gnosticisme
Les courants gnostiques du IIe siècle sont modelés par le pythagorisme et le néoplatonisme.
« Le gnosticisme est un mouvement de pensée centrée sur la connaissance dont la doctrine se caractérise généralement par l’affirmation que les êtres humains sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel créé par un dieu inférieur mauvais ou imparfait, le Démiurge à l’opposé duquel existe un autre être, transcendant et parfait, plus éloigné, un dieu supérieur lié à l’homme par la connaissance qu’il lui a donnée. » [Source : Wikipédia]
Tous les courants gnostiques ne sont pas chrétiens, mais tous, sans exception, ont professé la notion de réincarnation. Les courants gnostiques non-chrétiens et ont été à l’origine de l’hermétisme antique et de l’alchimie.
Parmi les personnalités gnostiques chrétiennes, on peut citer Simon le Magicien (Ier siècle), Basilide, Carpocrate, Valentin, Marcion (IIe siècle).
« Les germes du bannissement de la réincarnation, écrit le chercheur Philippe Lassire, furent semés au moment où Constantin le Grand prit la maîtrise de l’Église en la faisant la religion d’État. Eu égard aux dons et faveurs consentis par Constantin à l’Église, les ecclésiastiques n’étaient nommés que conformément aux desseins politiques de l’empereur. L’éthique, la foi et la dévotion étaient subordonnées aux intérêts personnels et au pouvoir politique. »
Après le Concile de Nicée de 325 qui définira l’orthodoxie chrétienne, le coup d’arrêt de « l’hérésie réincarnationniste » sera décrétée lors du Deuxième Concile de Constantinople, convoqué par l’empereur byzantin Justinien en 553. Le seul fait d’admettre la préexistence de l’âme était désormais condamnée.
« Si quelqu’un n’anathématise pas Arius, Eunomius, Macédonius, Apollinaire, Nestorius, Eutychès, Origène, avec tous leurs écrits impies ; qu’il soit anathème. » (11ème anathémisme)
Après la fermeture de l’école néoplatonicienne d’Athènes en 529, puis du tout dernier temple de l’ancienne religion d’Égypte (Le temple d’Isis de Philæ), Justinien affirma sa volonté de censurer toute idéologie contraire à la sienne. Les adeptes du manichéisme – eux-aussi réincarnationnistes, sont condamnés à mort ; les juifs et les samaritains sont persécutés et toute personne soupçonnée d’hérésie ne peut plus hériter, témoigner en justice ou occuper des fonctions civiles ou militaires.
Au VIe siècle, les sectes gnostiques ne sont plus qu’un souvenir. Nul ne peut dire aujourd’hui si certains groupuscules ont survécu à l’Antiquité ou si ce sont leurs écrits, redécouverts à Nag-Hammadi en 1945, qui ont continué à se transmettre.
- La réincarnation dans le catharisme
Ce qui est certain en revanche, c’est que les Bogomiles et les Cathares ont été dépositaires, d’une façon ou d’une autre, de leur enseignement.
Les Cathares adhéraient à la métempsycose.
Roland Poupin, docteur en théologie et philosophie explique que « Le mot métempsycose, veut dire littéralement “changement en âme”. Le mot samsâra, pour l’Inde, recoupe une idée équivalente Il n’y est pas du tout question d’incarnation, comme pour “réincarnation”, pas question donc de changement de corps, qui serait en grec « métensomatose » au lieu de “métempsycose”. Il ne s’agit pas dans la métempsycose d’âme individuelle qui changerait de corps pour se perfectionner. Il est question d’âme subissant des changements, pas d’âme changeant de corps. D’âme universelle unique et commune subissant des changements, et dont le moi, individuel, n’est que l’expression dégradée. Ces changements sont vécus comme dégradation, atteinte à la stabilité, à l’ataraxie, c’est-à-dire au bonheur philosophique consistant justement à ne pas subir de changement — contrairement à l’idéologie du progrès où le changement est une bonne chose. Le changement catastrophique qui est la métempsycose consiste à revêtir l’individualité et donc à revêtir la vie corporelle où se réalise l’individualité. »
Le catharisme, puis tous les courants ésotériques occidentaux qui suivront, les Rose-Croix, la franc-maçonnerie, le martinézisme, la théosophie, pour n’en citer que quelques-uns, se rapprochent ostensiblement d’une vision orientale de la réincarnation.
- La réincarnation dans les religions orientales
Venons-en justement à cette conception orientale.
Elle prend racine en Inde il y a près de 7000 ans. Elle a été véhiculée au cours des millénaires dans la tradition védique (2500 à 1500 avant notre ère), puis dans le brahmanisme (1500 à 500 avant notre ère).
Durant cette dernière période va naître les plus grands courants religieux qui existent encore de nos jours : l’hindouisme, le jaïnisme et le bouddhisme.
« De même qu’un homme jette ses vêtements usés pour en revêtir de neufs, de même l’être incarné jette les corps usés et entre en de nouveaux corps. »
(Bhagavad-Gîtâ 22)
Dans l’hindouisme, seul le corps de chair appartient au temporel et à l’illusoire (« maya »), aspects de notre monde matériel, par opposition au monde du Soi, immuable, transcendant et hors de l’espace et du temps.
Dans toutes les religions orientales, il y a cette même idée que « l’âme-individuelle », (jīva en sanskrit) n’a vraiment de sens que dans notre réalité, celle que nous percevons et qui est le monde de la multiplicité. Cette jīva suit le cycle des renaissances (samsāra) jusqu’à sa libération (nirvāna dans le bouddhisme, moksha dans l’hindouisme et le jaïnisme, mukti dans le sikhisme).
La libération ou la délivrance finale n’est finalement que le retour définitif vers l’Unité .
Ce but suprême, chez les hindous est l’union de l’âme individuelle (âtman), avec l’âme cosmique (parātman).
Chez les bouddhistes, il est conditionné par un état d’éveil engendrant l’extinction de la flamme du sens de l’individualité.
Le roman de Hermann Hesse, Siddharta, relate l’éveil de celui-ci qui deviendra Bouddha, « l’éveillé ». Il se clôt sur un « passage » (au propre comme au figuré) merveilleux, où Govinda, ami et disciple, embrasse Siddharta sur le front :
« Le visage de son ami Siddharta disparut à ses regards ; mais à sa place il vit d’autres visages, une multitude de visages, des centaines de milliers ; ils passaient comme les ondes d’un fleuve, s’évanouissaient, réapparaissaient tous en même temps, se modifiaient, se renouvelaient sans cesse et tous ces visages étaient pourtant Siddharta… Il vit toutes ces figures et tous ces corps unis de mille façons les uns aux autres, chacun d’eux venant en aide à l’autre, l’aimant, le haïssant, le détruisant, procréant de nouveau ; dans chacun se manifestaient la volonté de mourir, l’aveu passionnément douloureux de sa fragilité et malgré cela aucun ne mourait ; mais se transformait, renaissait toujours. (…) Et c’est ainsi que Govinda vit ce sourire de l’Unité du flot des figures, ce sourire de la simultanéité, au-dessus des milliers de naissances et de décès… Ayant perdu toute notion du temps, ne sachant plus si cette vision avait duré une seconde ou un siècle, ne sachant plus s’il y avait au monde un Siddharta et un Govinda, si le Moi et le Toi existaient, l’âme fondue dans un charme indicible, Govinda demeura encore un instant penché sur le visage impassible de Siddharta, qui avait été le théâtre de toutes ces transformations, de tout le Devenir, de tout l’Être. »
Pour l’ensemble de ces religions, avec des acceptations qui diffèrent quelque peu, le cycle des renaissances est entièrement sous-tendu par la loi du karma.
- La loi du karma
Le mot sanskrit karma se traduit par « action » en français, et son sens s’est élargi à la somme des actes d’un être au cours de ses incarnations successives qui engendrent tout un cycle de causes et conséquences influant la destinée.
La première référence à cette loi apparaît dans un des douze textes philosophiques majeures de l’hindouisme, le Grand Livre de la forêt (Bṛhadāraṇyaka Upaniṣad), rédigé entre -800 et -700.
« Ce Soi est indéniablement Brahman, (…) et il est identique à tout – identique, en fait, à tout ceci, qui est perçu, et à tout cela, qui en découle. Tels ses actes et son comportement, tel il devient : en faisant le bien, il devient bon, en faisant le mal, il devient mauvais. Il devient vertueux au moyen d’actes positifs, et mauvais au moyen d’actes négatifs. D’autres personnes, cependant, soutiennent l’opinion que le Soi est identique au désir uniquement. Et que tels ses désirs, telles ses résolutions; et telles ses résolutions, tels ses actes; et tels ses actes, telles les conséquences qu’il récolte. » (Brihadaranyaka Upanishad, IV, 4, 5)
Au IIe siècle de notre ère, le traité des lois de Manu (Mānava-Dharmaśāstra) expose en détail le principe du karma, et les moyens de se libérer du cycle de renaissances.
« C’est Brahmā (le Dieu créateur) qui, enveloppant tous les êtres d’un corps formé des cinq éléments, les fait passer successivement de la naissance à l’accroissement, de l’accroissement à la dissolution, par un mouvement semblable à celui d’une roue. Ainsi, l’homme qui reconnaît dans sa propre âme, l’Âme suprême présente dans toutes les créatures, se montre le même à l’égard de tous, et obtient le sort le plus heureux, celui d’être à la fin absorbé dans Brahmā. » (Mānava-Dharmaśāstra, Livre XII, 124-125)
Dans cette représentation cyclique du temps, tout a un début et une fin, et tout ce qui n’a pu être accompli dans une vie l’est forcément dans une autre.
Je ne crois pas qu’il faille voir là le seul résultat de l’évolution de dogmes et de croyances. Les cas évoquant une survivance de l’âme et de certains éléments de vies et de personnalités passées sont innombrables et aussi anciens que les premiers écrits de l’humanité. À partir de ces témoignages et des expériences menant au-delà des mêmes frontières (transes, voyages chamaniques, Expériences hors du corps, Expériences de Mort Imminente), l’être humain a élaboré des hypothèses, formulé des théories en accord avec sa compréhension du monde mais aussi de ses convictions religieuses.
- La réincarnation à la lumière de la physique d’avant-garde
Mais au début de ce troisième millénaire, les lignes bougent. Les croyances religieuses ont souvent été récusées par la science toute puissante de ces trois derniers siècles. C’est au tour de l’idéologie scientiste et matérialiste de prendre du plomb dans l’aile et de révéler ses limites à expliquer notre réalité.
Au début du XXe siècle, la théorie de la relativité générale et la mécanique quantique ont bouleversé notre vision de l’univers et en particulier de l’espace et du temps, au niveau cosmique comme au niveau particulaire. Les tentatives d’unification de ces théories (théorie des cordes, théorie de la gravitation quantique à boucles) apportent beaucoup d’espoirs mais présentent encore des faiblesses et des lacunes pour expliquer pleinement notre réalité.
Néanmoins, les perspectives sont déjà vertigineuses. Elles ouvrent à l’abandon pur et simple du déterminisme et ramènent la conscience au centre de toute chose.
Philippe Guillemant, physicien au CNRS, créateur de la théorie de la double causalité, défend ardemment cette vision des choses dans son ouvrage de vulgarisation « La physique de la conscience ».
« L’environnement que nous qualifions de “réel” est illusoire. (…) Il s’agit avant tout d’une construction de la conscience. (…) Nous vivrions dans un champ d’informations incommensurable et notre réalité collective ne serait qu’une parcelle infime de ce champ d’informations dans lequel chaque conscience vient puiser une partie cohérente avec le tout.
[…]Le consensus aujourd’hui est de considérer le temps comme indépendant de la causalité. (…)Tout cela implique que la réalité ne se crée pas dans le présent et qu’elle est déjà créée dans le futur. (…) La distinction entre le présent, le passé et le futur est pure illusion, le futur est déjà là et le présent n’existe pas. Nos intentions causent des effets dans le futur qui deviennent les futures causes d’un effet dans le présent. Notre futur n’attend pas le passage du temps présent pour se réaliser. Il est mécaniquement contraint de prendre en compte nos intentions. »
Cette remise en cause du principe de causalité a été amorcée avec Carl Gustav Jung en 1952, puis a été poursuivie à partir des années 1980 avec David Bohm (Théorie de l’ordre implicite), Rupert Sheldrake (Théorie des champs morphiques), puis dans les années 2000 avec Jean-François Vezina, Ervin Laszlo (Théorie du Champ Akashique), Philippe Guillemant (Théorie de la Double Causalité) et Joachim Soulières (Théorie de l’Endo-Système).
On sait depuis Albert Einstein que le présent n’existe pas puisqu’il est relatif. Le présent de deux personnes dépend tout autant de leur vitesse respective, que de la distance qui les sépare.
Un siècle plus tard, on sait que l’écoulement et le sens du temps sont tout aussi relatifs.
Philippe Guillemant nous dit que « L’avènement d’une nouvelle physique de l’information ou de la conscience, fondée sur un modèle de l’âme comme interface entre notre réalité physique et l’extérieur de l’espace-temps global, aurait indubitablement des conséquences individuelles et philosophiques fondamentales. »
Ces conséquences qui commencent déjà à poindre relèguent au placard les dogmes tant religieux que scientifiques déterministes, mais remettent en lumière le legs ésotérique opératif de nos aînés, tout en chassant les dérives New-Age absconses, voire absurdes auquel il a donné naissance.
Quel rapport avec le thème de cette planche, pourriez-vous me demander ? Il est fondamental. En considérant que la conscience est au cœur de toute chose, que notre réalité physique est une construction de cette conscience globale, ou une élaboration commune des consciences individuelles, en admettant l’espace-temps comme flexible avec la possibilité que le futur influence le présent et que le présent influe sur le passé ; dès lors, la réincarnation occupe une place prépondérante dans notre quête de sens.
Ces approches novatrices — dans le domaine scientifique s’entend — expliquerait ainsi le concept de réincarnation. Notre individualité est le produit d’une immersion dans l’espace-temps au moment de notre naissance, pour laquelle le corps/cerveau sert de support matériel. À l’étage supérieur, l’âme joue un rôle d’interface immatérielle entre cette conscience incarnée (Moi + Soi) et notre Esprit, défini comme un système d’information doté de libre-arbitre et hors de l’espace-temps.
Au-delà des dimensions spatiales et de la dimension temporelle, notre conscience, qui totalise les expériences de toutes nos vies opère du dessus, comme une montgolfière ayant une vue globalisante.
« La conscience ne devrait alors plus percevoir ses multiples vies passées comme ayant été vécues dans un même espace- temps de façon séquentielle, les unes après les autres, mais dans une intemporalité au sein de laquelle toutes ces vies sont simultanées. Car avant qu’elles ne se réalisent, l’Esprit doit pouvoir forger au travers d’un plan global l’intention de se connecter de façon multiple à une réalité donnée, comme s’il était une espèce de poulpe capable d’envoyer de multiples tentacules dans une réalité physique. »
(Philippe Guillemant, « La physique de la conscience »)
Lorsque l’on arrive à appréhender autant que faire se peut cette notion d’intemporalité et de rétro causalité, les impressions relatées lors de phénomènes d’EMI, de voyages extra-corporels ou chamaniques s’éclairent sous un tout autre jour.
De même d’apparents paradoxes ou de phénomènes paranormaux trouvent leurs explications : incarnations simultanées ou apparitions de défunts, synchronicités, médiumnité, etc. La liste est longue et ce morceau d’architecture bien assez aussi !
Je laisse donc la parole au poète Khalil Gibran pour terminer :
« Tu es ton propre précurseur, et les tours que tu as construites ne sont que les fondations de ton moi-géant. Et ce moi sera à son tour une fondation.
Et moi aussi, je suis mon propre précurseur, car l’ombre allongée qui s’étend devant moi au lever du soleil se repliera sous mes pieds à midi. Ensuite, un autre lever du soleil étendra une autre ombre devant moi qui se repliera aussi lors d’un autre midi.
Nous avons toujours été nos propres précurseurs, et nous le serons toujours. Et tout ce que nous avons récolté et récolterons ne sera que semences pour des champs encore en jachère. Nous sommes les champs et les laboureurs, les moissonneurs et la moisson.
Quand tu étais un désir errant dans la brume, j’étais, moi aussi, un désir errant. Puis nous nous sommes cherchés, et des rêves sont nés de notre ardeur. Ces rêves étaient illimités dans le temps et espace sans mesure.
Et quand tu étais une parole silencieuse sur les lèvres frémissantes de la vie, j’étais là, moi aussi, une autre parole silencieuse. Puis la vie nous a prononcés et nous avons traversé les années, le cœur palpitant avec les souvenirs d’hier et aspirant à demain, car hier était la mort conquise, et demain la naissance recherchée.
À présent, nous sommes entre les mains de Dieu. Tu es un soleil dans Sa main droite et je suis une terre dans Sa main gauche. Mais tu ne brille pas plus que moi, qui suis éclairé.
Et nous, soleil et terre, ne sommes que les prémices d’un plus grand soleil et d’une plus grande terre. Et nous serons toujours prémices.
Tu es ton propre précurseur, toi l’étranger qui passes devant le portail de mon jardin.
Et je suis, moi aussi, mon propre précurseur, bien que je sois assis dans l’ombre de mes arbres et paraisse immobile. » (Khalil Gibran, Le précurseur, 1920)
J’ai dit.
R∴ B∴
Illustration: Louis Janmot (Musée des Beaux-Arts de Lyon)-Le Mauvais Sentier