DAT ROSA MEL APIBUS, L’ABEILLE d’OR -
MORCEAU D’ARCHITECTURE de la RL ASET ASTARTE
DAT ROSA MEL APIBUS, L’ABEILLE d’OR
En 1653 à Tournai fut découverte la tombe du roi mérovingien Childéric 1er.
A l’intérieur du tombeau se trouvaient 300 abeilles en or.
Voilà l’origine de cette planche qui, me faisant m’intéresser aux Mérovingiens, me propulsa dans l’histoire des hommes, des rois et des dieux, de l’Antiquité la plus reculée jusqu’à Napoléon. Et surtout dans les symboles de l’abeille présents partout sur le globe et enfin me ramena au Temple maçonnique.
Cette planche failli s’appeler L’ABEILLE D’OR à cause de cette découverte. Elle s’intitule finalement « DAT ROSA MEL APIBUS » ce qui signifie « LA ROSE DONNE LE MIEL AUX ABEILLES ».
Pour connaître aujourd’hui ce que cet insecte véhicule comme symbolique, je me suis penché comme bien souvent sur l’histoire et la spiritualité.
Je ne pensais pas retrouver l’abeille partout à travers le monde, dans les grandes civilisations qui ont jalonné l’Histoire.
Je ne pensais pas qu’elle aussi portait les message de la Grande Tradition et que j’allais la retrouver en Grèce et en Egypte comme symbole des Rois et des Dieux.
Je vous propose donc de nous envoler légèrement pour voyager à travers le temps et le monde pour aller butiner les pétales de la Tradition.
Si nous retrouvons à travers les siècles et millénaires passés la symbolique de l’abeille dans différentes civilisations il faut d’abord comprendre pourquoi en observant ces travailleuses. Si l’on se place d’un point de vue temporel et matériel, l’abeille représente l’ordre quand on la considère avec ses congénères dans l’organisation de la ruche ; seule, elle symbolise le travail.
Travailleuses organisées en société, retranchées derrière des murs d’enceinte sous la houlette d’une grande Reine. Voilà qui pose le décor d’une vie collective et sociétale bien organisée.
A y regarder de plus près et un peu plus individuellement, on trouve une créature ailée dont la vie consiste à butiner des fleurs pour, au cours de diverses opérations, sublimer sa récolte en miel couleur d’Or.
D’un point de vue spirituel, œuvrant entre ciel et terre à l’équilibre de la nature, elle apparait comme symbolisant le principe vitale, matérialisant ainsi l’âme et représente le lien avec le divin et un trait d’union entre les forces invisibles de l’univers.
Le bourdonnement de l’abeille est aussi constitutif de son symbolisme. Comparé à un chant, il est symbole du Verbe. D’ailleurs le nom hébreux de l’abeille provient de la racine Parole. Cette symbolique sera utilisée tantôt chez les Grecs qui nous disent que des abeilles se sont posées sur les lèvres du philosophe Platon ou plus tard sur celles de Saint Ambroise qui deviendra le patron des apiculteurs.
Remontons au plus loin que nous pouvons : la Préhistoire
On peut estimer l’apparition de l’homme, dans sa forme primitive d’hominidés s’étant relevé, à environ trois millions d’années.
Les abeilles ont donc connu le monde bien avant es hommes puisque des chercheurs ont retrouvé un nid d’abeilles en Patagonie vieux de 100 millions d’années.
Il y en aura eu des générations d’abeilles, des nids construits, et des milliards d’allers-retours entre le grenier à miel et les fleurs, avant que des hommes ne bénéficient des bienfaits du nectar et n’intègrent l’insecte dans ses mythes et ses légendes créatrices, et ce partout à travers le monde et de tout temps à travers les âges.
Ce sont des peintures rupestres qui attestent de la connaissance de la récolte de miel par des hommes dits préhistoriques, du néolithique en tout cas. Près de Valence, en Espagne, une fresque montre une femme en équilibre sur une sorte d’échelle, accédant à un nid autour duquel tournent des abeilles. Elle tient une sorte panier et de son autre main elle recueille le miel.
Dans l’Antiquité, en Egypte l’abeille est un symbole de la Royauté où elle représente le peuple qui obéit à son roi.
Les Rois et les Dieux étant dans l’Antiquité très liés, elle sera l’emblème des uns et des autres sans distinction. En Egypte par exemple on dit que les abeilles seraient les larmes du dieu Râ tombées sur Terre.
Pour les égyptiens, l’abeille est sacrée car divine et assimilée à la déesse Neith avec des temples dédiés littéralement appelés « maison de l’abeille ».
Les Egyptiens figuraient aussi l’âme humaine sous la forme d’une abeille.
L’abeille n’est pas que symbole et ce qui fait sa majesté et sa singularité c’est le fait qu’elle produise le miel que les Égyptiens connaissent. Ce sont déjà des apiculteurs comme en témoigne des peintures où l’on voit un homme recueillir le miel pendant qu’un autre s’affaire à enfumer la ruche.
Le miel entre dans la composition de la pâtisserie ou du vin, mais aussi dans la pharmacopée de l’époque grâce à ses vertus cicatrisantes, antiseptiques et anti-inflammatoires. Les jeunes époux égyptiens mariés devront boire pendant trente jours un breuvage à base de miel qui donnera son origine à l’expression « lune de miel »).
Certains, mais cela ne fait pas l’unanimité, pensent que le miel et la cire sont aussi utilisés pour la momification.
Suivons l’abeille dans la Grèce antique où elle apparaît dans plusieurs mythes à commencer par celui de Déméter. Dans les fameux « mystères d’Eleusis » durant lequel les Grecs célèbrent les cycles de la nature et le retour à la vie, les prêtresses portent le nom d’abeilles.
Artémis, fille de Zeus et de Léto, et sœur jumelle d’Apollon, est la déesse de la nature sauvage, de la chasse et des accouchements. Son temple à Ephèse est décoré d’abeilles et ses prêtres sont les rois des abeilles. La statue d’Artémis d’Ephèse, la représentant avec de nombreuses mamelles porte sur sa robe des abeilles qui butinent des fleurs.
Aristée, fils d’Apollon a été élevé par des nymphes qui lui apprirent à élever des abeilles, ce qui le fait considérer comme le premier apiculteur.
On peut citer enfin l’épisode Grec de l’histoire du dieu Hermès qui se trouve dans les Hymnes homériques, plus précisément dans l’Hymne à Hermès.
Hermès charme le dieu Apollon en jouant de la lyre qu’il a créé, symbolisant la musique et la poésie. Il la lui offre, en échange de quoi Apollon lui accorde une baguette d’or – le futur caducée -, ainsi que le don de prophétie mineure par le biais de l’oracle des Thries qui possèdent des dons divinatoires.
Les Thries sont trois sœurs, femmes-abeilles : Antalia, Rosanna et Pausania. Ce sont les nourrices des dieux de l’Olympe. Antalia apprend à voir l’Invisible ; Pausania, elle, enseigne le passé, Rosana, quant à elle, apprend à voir le futur.
Il faut compléter ce voyage en citant aussi qu’en Afrique du Sud, dans la mythologie des Bushmen, c’est plantant une graine dans une mante qu’une abeille a donné naissance au premier homme.
Que sur des tombes Mycéniennes, on retrouve des abeilles et des ruches.
Qu’en Chaldée elle est un symbole de royauté comme en Egypte.
Que chez les Celtes, buveurs d’hydromel, Nantosuelta, déesse de la terre et de la fertilité, est représentée avec une abeille et une ruche. L’abeille est aussi le symbole de la sagesse et de l’immortalité de l’âme.
Qu’en Russie, Zosim est connu comme le dieu-abeille qui a donné l’apiculture à l’humanité.
Qu’en Sibérie comme en Amérique du sud, l’abeille représente l‘âme flottant au-dessus du corps du défunt.
Que les Mayas célèbrent le dieu-abeille Ah Mucan Cab pour favoriser une floraison abondante et une bonne récolte de miel.
Qu’en Inde, Kama, le dieu de l’amour est représenté avec une abeille.
Abeilles et ruches Tacuinum Sanitaris, ouvrage médical du moyen âge |
La chrétienté du Moyen-Age utilise aussi l’abeille en l’associant à l’image du Christ et pour Bernard de Clairvaux elle symbolise l’Esprit-Saint.
Ajoutons que les chrétiens, ou plutôt l’Eglise, a pu être séduite aussi par une autre qualité de l’abeille : sa pureté. Les abeilles ouvrières, laissons la Reine de côté, restent vierges toute leur vie d’où leur assimilation à la Vierge Marie. D’ailleurs au Moyen-Age on ne savait pas comment se reproduisaient les abeilles, certains pensant qu’elles naissaient dans des vers nés dans des animaux en putréfaction.
Vitrail de la Basilique Sainte-Marie D’Aracœli à Rome |
L’abeille est aussi un symbole christique car elle symbolise la survie et la résurrection. On comparait en effet la période d’hibernation de trois mois des abeilles aux trois jours durant lesquels le Christ a séjourné au tombeau avant d’en ressortir ressuscité.
Mais sortons de l’histoire officielle, celle de la bible exotérique et des livres d’histoire écrits pour éduquer les masses. Je veux en effet, puisque nous sommes arrivés au Moyen Age, évoquer ce qui fut le départ de cette planche, c’est-à-dire les Mérovingiens et leur rôle dans la transmission de la Grande Tradition.
La royauté française puise ses origines dans l’Antiquité et les derniers soubresauts de l’Empire romain. Cette origine c’est celle des Mérovingiens dont Childéric fut un des premiers rois puisqu’avant lui nous trouvons Clodion puis le fameux Mérovée dont le nom donnera celui de la lignée, née d’une manière légendaire.
Juste après lui viendra Clovis. Nous sommes au Vème siècle et les Mérovingiens règneront en ligne directe jusque Dagobert II. L’usurpation du pouvoir par Pépin le Bref fonda une autre dynastie, celle des Carolingiens à partir de 754.
Pourquoi ce rapide résumé est-il important ? Car les Mérovingiens seraient directement liés à la lignée de Jésus et donc d’origine davidique. Et que Dagobert II le dernier véritable héritier de cette lignée meurt assassiné en laissant un fils Sigisbert IV qu’on appelle le rejeton ardent.
Si cette histoire est importante c’est parce que nous savons que la Tradition, avec un grand T, celle porteuse d’un message universel véhiculé par divers courants à travers les âges, se transmet depuis la nuit des temps.
Or, si on se place du point de vue de la Chrétienté qui démarre donc peu ou prou en l’an 0, les messages véritables et cette Tradition sont portés par des courants ésotériques.
Voilà pourquoi j’évoque les Mérovingiens et cette « légende » qu’ils seraient porteurs du Saint Graal lui-même détenteur de la Tradition et du Message.
Quel est donc ce Saint Graal ? Pour certains, il s’agit de la coupe qui aurait servi à Jésus et à ses disciples lors de la dernière cène, pour d’autres elle serait la coupe dans laquelle Joseph d’Arimathie recueillit le sang du Christ sur la croix, parfois l’un et l’autre à la fois.
En réalité Saint Graal signifie « Sang Real » c’est-à-dire sang royal. Si on change donc de point de vue et qu’on laisse l’imagerie moyenâgeuse et premier degré (matérialiste et exotérique) ce même Graal, prétendu Trésor ou objet, qui passera entre les mains de ses gardiens, les Cathares et les chevaliers du Temple, est en fait le sang d’une lignée royale.
Ce sang royal qui coule dans les veines d’une lignée c’est celui du Christ, depuis que Marie-Madeleine aurait fui la Palestine aux côtés de Joseph d’Arimathie, emportant avec elle le Saint Graal, la lignée – et donc la descendance – de Jésus.
Si on lit la bible sous un autre angle, depuis les révélations des manuscrits de la Mer Morte, on découvre une Marie Madeleine bien loin de l’image de la prostituée véhiculée par l’Eglise. Elle serait en fait l’épouse de Jésus (Les noces de Cana sont celles de Jésus et de Marie Madeleine). Après la crucifixion elle s’enfuit en Gaule, débarquant aux Saintes Marie de la Mer où elle savait trouver la communauté juive qui s’y était implantée. Elle amena avec elle un ou plusieurs de ses enfants et le « sang real », on parle souvent d’une petite fille qui s’appelait Sarah.
Pendant quatre cents ans, dans le plus grand secret, se perpétua la descendance de Jésus par des alliances dynastiques juives, romaines, wisigothes. Vers le Vème siècle la descendance de Jésus, avec celle des Francs, forme la dynastie des Mérovingiens. Ceci expliquerait bien des choses : la vénération de Marie Madeleine au temps des croisades, la naissance mystérieuse de Mérovée, l’alliance entre l’église de Rome et Clovis descendant de Jésus, la réhabilitation de Dagobert II.
Voilà l’origine du message perdu et véhiculé jusqu’à aujourd’hui sous couvert de différents mouvements et personnages. Bien après les mérovingiens par exemple, aux alentours de l’an 1000, ce n’est pas pour rien que c’est Godefroi de Bouillon qui va reprendre en 1095 Jérusalem et le tombeau du Christ lors de la 1ère croisade. Godefroi serait un descendant de la famille du Graal, quand on lit ceci il faut entendre donc toujours qu’il est de la lignée du sang royal. Il rejoindra le groupe des « Neuf Preux » qui incarnait l’idéal de la chevalerie à la fin du Moyen Age.
Si l’on prend tout ça de manière symbolique c’est la recherche du Roi perdu, de la connaissance perdue qui est véhiculée de manière voilée – ésotérique – Rien à voir avec le monde manifesté, la doctrine officielle, l’exotérisme… et l’abeille serait comme un fil conducteur, butinant les traditions et les reliant.
Ainsi, en regardant une histoire plus proche, on s’étonnera moins de voir brodées sur son manteau impérial 1.500 abeilles à la demande de Napoléon qui connaît très bien la découverte des abeilles d’or dans le tombeau de Childéric.
Cherchant à légitimer son règne, le nouveau monarque en quête de symbole réhabilite les symboles des dynasties passées et adopte entre autres symbole l’abeille qui va figurer sur ses armoiries impériales et sur son célèbre manteau de velours pourpre du couronnement.
Remplaçant la fleur de lys, les abeilles orneront aussi les tentures du palais royal mais aussi celles des tribunaux et administrations impériales. C’est aussi à son initiative qu’on retrouve trois abeilles d’or venant orner les nouvelles armoiries de la ville de Nice en remplacement de l’aigle et de la fleur de Lys qu’il avait décidé de totalement supprimer des symboles de la monarchie nouvelle.
Nous voilà revenu au Temple, dans notre ruche. L’abeille pourrait-elle aussi entrer dans le bestiaire maçonnique ?
La loge est comparée chez certains à l’organisation de la ruche. Cet édifice est lui aussi un modèle d’architecture.
Symbole du verbe comme on l’a vu elle est parfaitement en accord avec le prologue de Jean qui est ouvert sur notre autel. Le symbolisme de la fraternité n’est pas loin non plus.
Tout comme le maçon et ses grades, l’abeille exerce des tâches en fonction de son évolution. Durant ses trois premiers jours de vie, l’abeille apprentie fait le ménage à l’intérieur de la ruche et nourrit les larves. Devenue compagnon, elle peut sortir de la ruche en reconnaissance ; c’est le moment où elle va produire de la cire et également se positionner à l’entrée de la ruche pour la défense. Enfin, jusqu’à la fin de sa vie qui ne dure que 3 à 4 mois le maître abeille butine et pollinise le monde et telle un alchimiste transforme sa récolte en Or.
« DAT ROSA MEL APIBUS » – « LA ROSE DONNE LE MIEL AUX ABEILLES »
Cette locution latine figure sur une illustration qui se trouve sur la couverture du livre de Robert Fludd dont le titre est « Summum Bonum » (Le Bien Suprême) où il fait référence au but final recherché par l’être incarné.
Mathématicien, médecin, astrologue et occultiste anglais du XVIIème siècle Robert Fludd s’intéressa aux idées de Paracelse et défendit la Fraternité des Rose-Croix. Dans ce traité il démontre le caractère positif de la Magie, de l’Alchimie et de la Cabale des Rose-Croix.
En couverture de ce livre on retrouve donc une grande rose sur un rosier en forme de croix, entourée de la phrase DAT ROSA MEL APIBUS.
Mais à y regarder de plus près, ou plutôt à y écouter plus attentivement avec le recours de la Cabale phonétique ou de la langue des oiseaux on entend DAT ROSA MEL LAPIDUS. Une seule lettre qui change le sens de la phrase en « LA ROSE DONNE DU MIEL AUX PIERRES » ou « la rose donne son miel à la pierre » ce qui bien sûr fait référence à la pierre philosophale.
J’ai dit
« Quand la fleur de lotus est épanouie, les abeilles y viennent d’elles-mêmes » (Selon la parole des Védas)
Je veux la porte en mon âme.