Rites maçonniques forestiers, Rites druidiques -
Avant de parler du Rite forestier traditionnel et du Rite forestier des modernes, pour mieux étayer mon propos, j’évoquerai le symbolisme du bois, de l’arbre et de la forêt.
Commençons par le symbolisme du bois. Le bois, par excellence matière noble issue de l’arbre, est un élément de transformation. Symbole de la substance universelle, de la materiae prima, il offre une dualité vie/mort intéressante. Il peut tuer sous la forme d’un pieu ou d’une flèche bien affutée et devenir un excellent adjuvant de la mort par exemple sous forme de fagots pour le bûcher où de nombreux personnages au cours de l’histoire finirent brûlés.
Mais le bois a deux faces et symbolise aussi la vie : il sauve l’homme de la noyade grâce à sa capacité à flotter, sa combustion réchauffe celui qui à froid, éclaire celui qui est dans les ténèbres, préserve des prédateurs celui qui est isolé en forêt. Il est providence et, une fois transformé, devient lumière et protection.
Sacré et béni, si l’on se réfère au Livre des Rois. Dans le temple de Salomon le bois est présent en grande quantité. Les poutres sont en cèdre, le plancher en cyprès, les huisseries en bois d’olivier. C’est par le bois que Dieu se manifeste dans le buisson ardent, puis par le bâton que Moise jette au sol sur la demande de Dieu, qui se transforme en serpent. Dieu demande alors à Moise de saisir le serpent par la queue qui se transforme à nouveau en bâton, lui transmettant la force de conduire son peuple jusqu’au seuil de la Terre promise. Ce passage de l’Ancien Testament met en lumière l’aspect duel du bois : Le serpent, le mal, Dieu, le Bien.
L’arbre quant à lui véhicule l’idée d’un cosmos vivant, l’arbre de vie, en est un bel exemple. Ses racines puissamment enfoncées dans le sol, son feuillage en ascension vers le ciel n’est pas sans évoquer la verticalité. Il se dépasse et se transforme est une véritable antenne entre les forces cosmo-telluriques. Vie en perpétuelle évolution, il évoque le caractère cyclique de l’évolution cosmique. Les Grecs considéraient les arbres comme les premiers temples des dieux et les bois sacrés comme leurs premiers lieux de culte, où les puissantes forces de la nature se nichaient. Les forêts, souvent sombres et mystérieuses, étaient hantées par des esprits. Leur âge, leur beauté et leur utilité suscitent l’admiration des êtres humains. Devenus noueux avec l’âge, ils paraissent néanmoins «renaître» au printemps. Ayant une durée de vie beaucoup plus longue que celle d’un humain, ils sont perçus comme étant éternels. Les arbres est une manne fournissant de l’ombre, des aliments et des fibres et ont de multiples usages.
La Franc-maçonnerie forestière ou la franc-maçonnerie du bois :
Les Rites maçonniques forestiers quittent l’univers de la pierre et de ses outils, pour utiliser celui du bois. Une Loge forestière ne s’appelle une Loge mais une Vente. Dans une Vente forestière, pas de trace du temple de Salomon, pas de colonnes, pas de pavé mosaïque …
Les Tenues ont lieu dans une clairière au cœur des bois. Les membres de chaque Vente s’appellent non pas des Frères et Sœurs, mais « bons Cousins » ou « bonnes Cousines ».
L’ensemble des bons Cousins et bonnes Cousines se réunissent en cercle. Chaque officier, à l’exception du Vénérable Maître qui s’appelle le Cousin Maître porte un nom d’arbre. Le Cousin Maître est entouré du Cousin du Charme, gardien du vin, et du Cousin du Cormier le gardien du pain. Le Cousin du Chêne est le premier garde du chantier. Il est assis à la gauche du Cousin de L’orme, le second garde du chantier. Le Cousin du hêtre protège le chantier des briquets, c’est à dire des profanes. Devant chaque officier est posé un gros billot. L’ensemble des bons Cousins et bonnes Cousines sont assis sur des rondins de bois. Au centre de leur cercle brûle un feu autour duquel sont disposés les outils du travail du bois : scies, marteaux, ciseaux à bois, instrument de serrage…
Quatre cabanes sont symbolisées parmi les membres de la Vente. La cabane de l’ours, la cabane de l’Hermite, la cabane de la Mère Cattiau et la cabane du vigneron. L’Hermite, dans sa cabane est celui qui partage le pain et le vin et celui qui purifie le briquet par l’eau.
Si les Francs-Maçons de la pierre prêtent serment, notamment à l’initiation sur les outils de l’autel, les bons Cousins et bonnes Cousines le prête sur le pain et le vin.
Bon Cousins et bonnes Cousines, pain, vin, Cousin du chêne, Cousin de l’orme… Tout cela paraît amusant. Pourtant les Rites maçonniques forestiers, en particulier le Rite forestier des modernes dégagent des valeurs fraternelles comme celle de l’hospitalité : Hospitalité envers ceux et celles qui sont perdus dans la forêt, par le partage de deux éléments à forte portée symbolique : Le pain et le vin. Une autre valeur des Rites maçonniques forestiers est celle de la justice et de la fraternité au sen noble au sens propre :
« Souvient toi que chez les charbonniers, les richesses et l’orgueil ne sont que des chimères, enfants du même Dieu, tous les mortels sont frère le vice seul est bas et l’homme le plus juste est aussi le plus grand »
Ou encore au moment où le briquet va devenir un bon Cousin ou une bonne Cousine, il lit cet extrait de rituel : « J’ai été nu, vous m’avez habillé, J’ai eu soif vous m’avez donné à boire, J’ai eu faim vous m’avez donné à manger, J’ai été en prison vous m’avez visité, J’ai été malade vous m’avez secouru, J’ai eu froid vous m’avez réchauffé, J’ai été affligé vous m’avez consolé »
Nous nous trouvons ici face à sept actions de fraternité, d’amour de l’autre. Sept, nombre du Maître Maçon, nombre de la perfection.
Comme annoncé, il existe donc deux Rites forestiers :
Le Rite maçonnique forestiers des modernes qui aurait pris naissance en France au XVIIIe siècle. C’est un Franc-Maçon, Régis Blanchet, qui a été à l’origine de son réveil. Il est encore pratiqué en Bretagne, en Ille-et-Vilaine, à la roche aux fées, clairière sur la commune d’Essé où se trouvent des dolmens.
Le Rite forestier traditionnel ne fait aucun lien avec la Franc-Maçonnerie. Il résulte de la fusion de deux métiers liés au bois, de deux Rituels. Le Rituel des fendeurs et le Rituel des charbonniers, les deux principaux métiers de l’époque.
Le fendeur coupait le bois et alimentait les autres métiers comme les charpentiers. Le charbonnier, quant à lui, utilisait les copeaux et chutes de bois, pour faire du charbon de bois, qui sera un des adjuvants à la transformation du bois, mais aussi à bien d’autres matières comme celui du travail du fer par exemple.
Dans le Rituel historique de l’Ordre des fendeurs, la valeur du travail est essentielle : « Pourquoi est t-il levé ? Pour nous favoriser au travail. »
Qu’est-ce que le Druidisme ?
Une religion de la nature polythéiste, où chaque élément qui agit ou interagit est une manifestation d’un Dieu ou d’une Déesse. Quand on aime, la déesse Birgit s’incarne en nous, quand un arbre ploie sous une bourrasque, c’est le Dieu du vent qui joue avec lui, quand le soleil se couche, c’est Bélen qui se retire.
Le Druide est l’homme sacerdotal qui communique avec les Dieux, il connaît les forces cosmo-telluriques et leurs effets. N’est pas Druide qui veut : Ceux qui rentrent dans une Obédience druidique bénéficient d’une transmission initiatique, où ils étudient : la botanique, les animaux, les philosophies et religions des autres, et j’en passe.
Les Druides s’organisent en Obédiences, appelés Gorsedd. Comme il existe différentes Obédiences maçonniques, il existe différents Gorsedds. Le Druidisme s’inscrit sans une triple prise de conscience : prise de conscience identitaire, prise de conscience des forces cosmo-telluriques, et prise des consciences des lois karmiques. Un arbre ne peut grandir, tendre ses branches vers le ciel que s’il possède de puissantes racines. Il en est de même pour l’être humain. Les dieux invoqués par les Druides sont porteurs de force et d’énergie. Le Druidisme exprime le vouloir vivre en harmonie avec les forces cosmo-telluriques. L’homme sacerdotal, parle aux dieux, communique avec les forces et puissances de l’invisible.
Déceler de nouveaux Druides ou de nouvelles belles pierres, ou des bons Cousins, est un travail délicat nécessitant la recherche du juste milieu. Travailler à plein temps dans l’ombre, sans initier, c’est l’assurance de la fin d’une tradition. Travailler en pleine lumière c’est renier une tradition ésotérique pour de l’exotérique. Il est donc important de marcher sur le fil du pavé mosaïque pour « que ceux qui ont des oreilles entendent, que leurs yeux voient, et que leurs âmes comprennent ».
La grande prière des druides
« Donne nous ô Dieu ton appui,
Et avec ton appui la force,
Et avec la force la compréhension
Et avec la compréhension la science,
Et avec la science de ce qui est juste le pouvoir de l’aimer,
Et en l’aimant l’amour de toutes choses vivantes,
Et en toutes choses vivantes l’amour de Dieu,
De Dieu et de toutes bontés, et de toutes beautés.
AWEN ! AWEN ! AWEN ! »
La prière : « Donne nous Ô dieu ton appui et avec ton appui la force »
Notre rituel : « Donne nous la force »
La prière : « Et avec la force la compréhension, et avec la compréhension la science »
Notre rituel : Illumine de ta Gnose tous ceux qui sont restés dans les ténèbres »
La prière : « Et avec la science de ce qui est juste, le pouvoir de l’aimer »
Notre rituel : « Les frères de notre race, tes propres enfants »
La prière : « Et en l’aimant, l’amour de toutes chose vivantes »
Ce parallélisme souligne une similitude tellement forte, que nous avons la sensation qu’ils sont issus de la même tradition initiatique.
Une dernière prière druidique, juste pour la beauté des mots.
« Prière pour un soir de beau temps » Bélen, dieu du soleil et de la lumière.
« Sois remercié Ô Bélen,
Pour la journée que tu nous as donnée,
Pour ce ciel pur,
Pour cette terre qui nous fait vivre,
Pour toutes les plantes qui la couvrent,
Et pour les animaux qui l’habitent
Pour les sources jaillissantes et leurs eaux pures,
Pour ce feu de camp qui va nous réjouir ce soir,
Et nous réchauffer cette nuit,
Pour la musique et les chants que nous allons entonner.
Ne nous oublie pas pendant ta course nocturne, et veille encore sur nous demain. »
Tud. Guil.
Mon TCF,
Je te remercie de tes précisions précieuses sur le planche qui a été transcrite dans Contrées Intérieures.
Cordialement
J’ai lu avec beaucoup de plaisir cette planche magnifique. J’essaie de voir si des francs maçonneries forestières existent encore.
Je voudrai plancher dans ma loge, sur ce sujet. Déjà le texte ci-dessus va bien m’aider si vous m’autorisez à »piocher ».
Cordialement
R. B.:
Bonjour MTCF:.,
Comp:. depuis le 18 ième jour du 4 ième mois 6022.
Je me dois de voyager et d’apprendre de nouveau rites pour partager avec MMTTCCFF:. et MMTTCCSS :.
Pourrais tu m’indiquer des ventes en Loire-Atlantique ou Pays de la Loire.
TAFrat:.
O:.
Je souhaite plancher sur la Maçonnerie forestière. J’ai entrevu un rituel qui parlait de la recherche d’un enfant égaré dans la forêt du Liban. Cela m’intéresserait de le retrouver car entretemps je l’ai perdu. Je pense que c’est un rituel ancien.