MORCEAU D’ARCHITECTURE de la RL SIRIUS Naître entre Ombre et Lumière -
Naître entre Ombre et Lumière
Et l’ombre dit à la lumière… Poussière d’étoile, élément aquatique unicellulaire issue de la soupe alchimique primordiale, ainsi surgit l’homme, dernier élément de la création. Puis vint l’amour, rencontre improbable de deux cellules libérant le prisonnier en quête de sa compagne. La fusion des deux engendra l’œuf androgyne baignant dans le liquide amniotique originel. À l’aube de notre naissance, le Un unifiait les deux, avant que l’un ne relègue l’autre dans sa dimension inconsciente. Au terme de la métamorphose, solitaires à la recherche de notre dualité originelle, nous fûmes expulsés à jamais du royaume nourricier. Frappés au sortir de la grotte par la fulgurante lumière et les cris, nous avons tremblé d’épouvante et de froid. Nos poumons brûlés à la recherche du souffle, saisis et pendus par les pieds, nous avons hurlé. Il était dit que la femme engendrerait dans la douleur. L’enfant, lui, vint au monde dans l’effroi et la terreur. L’enfer était bien de ce monde.
Et la lumière dit à l’ombre… Il y eu un avant… Venir au Monde, c’était le vouloir d’une Âme avant de se lancer dans le voyage extraordinaire de l’existence terrestre : une réalité qui fait se rencontrer toutes les émotions, tous les possibles. C’est un projet dont on ne connait ni les tenants, ni les aboutissants mais l’Amour en est l’origine. Homme de désir tu ne sais pas encore à quoi tu t’engages, tu es vivant mais cela ne te suffit pas nous dit Kalil Gilbran. Qui préside à cela ? Qui nous appelle ? Qui impulse en nous ce désir d’exister, celui d’être ? La question vient à ceux qui pensent que la vie est bien plus que le fait du hasard, quelle est bien plus que de naître en un lieu, une famille, afin de remplir un contrat social, puis de quitter ce monde de manière définitive.
Venir au monde, manifeste la volonté d’un infime point de Conscience en devenir, qui ne sait s’il sera mais, c’est la seule solution pour faire l’expérience de la VIE. C’est un appel de la vie à elle-même, un appel à l’Amour seule véritable dimension de l’Être. C’est vouloir diriger sa vie avant même qu’elle ne commence sur le plan terrestre. C’est agir, c’est se projeter, se créer avant que la matière n’alourdisse le projet. Déjà, nous sentons que venir au monde ne suffira pas, le projet est déjà tellement plus grand.
Venir au Monde, c’est vivre une alchimie fabuleuse, c’est accomplir le désir de deux êtres unis par l’Amour et qui deviennent trois. Et des milliards de cellules s’organisent alors, pour finaliser un corps. C’est le miracle permanent de l’échange et du don qui perdurera la vie durant. Fait extraordinaire, merveille de la création. Entre la vie crée par des parents et celle qui appartient déjà à un autre, c’est l’Existence qui se manifeste. Un être se lance à la conquête de sa vie. Encore indifférencié il pressent qu’il doit devenir ce qu’il est fondamentalement, originellement : Conscience qui veut expérimenter.
Et l’ombre dit à la lumière… L’inconscient a accueilli la douleur traumatique de sa mise au Monde et l’a dissimulée dans le labyrinthe, afin d’éviter la fuite du conscient, vers la folie. Notre destiné, croisement du destin et de la providence, était inscrite dans nos gènes. Notre mémoire avait conservé, gravé dans sa psyché reptilienne toutes les traces du chemin. Le seuil intolérable de la douleur à la naissance avait voilé la mémoire du voyageur. Le petit de l’homme devint amnésique. Le premier voile, celui de l’oubli s’abaissa. Face à l’épreuve et à son intensité sensorielle, la psyché mit en place un bouclier, afin de protéger la conscience naissante du déluge d’informations, issues de ce nouveau monde. Alors vint le temps de l’apprentissage, celui du miroir créateur des traces mnésiques binaires. Nous ne savions, ni lire, ni écrire, nous ne savions qu’épeler. Prisonnier de notre corps et de ses instincts, notre égo chtonien se bâtissait les remparts d’une citadelle imprenable. Seul maître à bord d’un attelage fou, l’égo livré à ses désirs, ignorait le cocher et son passager. Dans le fracas de la course, la parole était perdue à la raison, la destination était sans but. Aveugles à l’âme atrophiée, prisonniers du despote, nous cheminions dans l’obscurité. Obstacle à notre renaissance spirituelle, le second voile, celui de l’égo, venait de s’abaisser. Et la lumière dit à l’ombre… Naître à soi-même est encore très confus mais déjà dans l’idée qui s’élève au-dessus des brumes de l’inconscient. Chaque jour apporte son lot d’expériences entre douleurs et bonheurs, entre joies et déceptions. L’humain commence à faire le lien entre ses actes et leurs conséquences. « Quelque Chose » lui dit qu’il n’est pas seul dans sa démarche. Les crises qu’il traverse prennent une autre dimension et le conduisent à la responsabilité. Il sait maintenant qu’il doit s’éveiller à ce qu’il pressent confusément : il ne vient pas de nulle part et son incarnation a une raison d’être : expérimenter encore et encore, se tromper, recommencer. Alors d’où vient-il ? Quel est cet appel qu’il croit ressentir ? Ce qui lui arrive découle de sa responsabilité propre et il sent bien désormais qu’il grandit. Ce qu’il veut ? avancer encore et encore pour retrouver le chemin qui le ramènera à la source, qui a impulsé en lui ce désir de faire l’expérience.
Homme de désir empli de Force de Vie ! Mais le poids de la culpabilité, celui des craintes, et du remord pèsent bien lourd. Il se juge trop souvent, se compare aux autres et il s’effondre. Entre attractions et rejets, les joies paraissent peu nombreuses les nuits sont longues et le découragement se fait sentir. Mais il ne peut abandonner cet espoir de retrouver Ce qui le pousse ainsi à se chercher. Alors que faire ? Vivre et se relever toujours, car seulement subir n’aurait pas de sens. Une Lumière viendra bien l’éclairer et donner du sens à ce chemin.
Et l’ombre dit à la lumière… Dans notre psyché, était resté gravé un autre possible, celui d’un monde intra utérin et bien au-delà, celui d’une immensité cosmique originelle. Le sentiment diffus de ne faire qu’un avec le tout, devint nécessité impérieuse. L’espérance subsistait qu’il serait un jour possible « d’être au monde ». Lorsque fut l’heure, le signe annonciateur de la rencontre du destin et de la providence se dévoila.
Et la lumière dit à l’ombre… L’Homme se remit en recherche, auprès des siens, puis des Anciens. Il partit à la rencontre de traditions qu’il ne connaissait pas. Inlassablement, il scruta l’horizon sachant que sa quête n’était pas vaine et qu’elle aboutirait. Il apprit des autres. Sa démarche lui ouvrit des espaces de réflexion, et pourtant il n’était pas encore satisfait. Il existait un voile entre ce qu’il était et Cet Indéfinissable qui semblait venir à lui. Enfin, il entendit le message partagé avec des frères, ressentit que ce qu’il cherchait appelait au plus profond de lui. Alors les mots chantèrent le bonheur d’avoir trouvé le chemin vers la Source. Tout ce qu’il avait collecté de connaissances, toutes les pratiques qu’il avait expérimentées s’organisèrent enfin et donnèrent sens au chemin à réaliser : son chemin.
Et l’ombre dit à la lumière… Entre les deux colonnes du temple, une porte s’est ouverte, sur un étrange voyage. Réceptif à la coupe insipide de l’oubli, notre « personna » s’est dissoute. Les traces du chemin se sont découvertes peu à peu au travers d’une mort symbolique, initiatrice d’une nouvelle naissance. Les yeux décillés à la coupe de Mnémosynée, et de ses amères enseignements, notre âme « Rê » éveillée pouvait se mettre en quête de « son être » à la lumière de l’Étoile. « S’initier c’est apprendre à mourir » à notre venue au Monde, afin de renaître en quête de notre universalité. L’Homme sait désormais que venir au monde est une promesse qu’il doit conduire chaque jour à sa réalisation. Dans une relation qu’il entame avec La Conscience, qu’il sait maintenant être partout autour de lui, il peut enfin dire en conscience « je suis né ». Bonheur immense et sereinement effrayant quant à l’infinitude de la tâche à poursuivre, mais il n’est plus seul et se sait aimé infiniment.
J’ai dit.