Guiseppe Balsamo, Comte de Cagliostro -
Guiseppe Balsamo, Comte de Cagliostro
En 1743, naissait à Palerme en Sicile Giuseppe Balsamo, connu sous le nom d’Alexandre de Cagliostro. Sa famille comptait parmi ses membres Giovano Balsamo, Grand Prieur de Malte. Par sa mère, née Félice Bracconieri, il appartenait à la famille des Cagliostro, originaire de Messine. C’est en héritant de celui-ci que Guiseppe Balsamo ajouta à son nom celui de son oncle.
Histoire et légende se mêlent. Son extraordinaire destinée a suscité près de trois cents volumes : romans, pièces de théâtre. Ses détracteurs sont pléthore. Thomas Carlyle (1795-1881), essayiste écossais, écrivit un pamphlet : « Le comte Cagliostro », inspiré des écrits de l’Inquisition, rédigés en 1791 par le jésuite Marcello. Allaité cette source, Goethe a répudié son « Frère initié », de peur d’être assimilé au condamné, présenté comme le « grand illusionniste » de la Maçonnerie. Mais, le mérite d’un homme s’apprécie au solde qu’il inscrit à son actif, au regard de ses bonnes et mauvaises actions, sur les plans matériel et spirituel.
Les ouvrages de Cagliostro
Ses écrits sont rarement rédigés par sa main. Il dicte ce qu’il convient d’écrire en son nom. On lui attribue, en dehors du Rituel et des Règlements de la Maçonnerie égyptienne, des ouvrages tels que ; De la vision béatifique, De l’évocation des Esprits supérieurs, La Régénération physique et morale, L’Art de faire de l’or, La Kabbale divine, Le calcul astrologique. Il est aussi l’auteur de La Très Sainte Trinosophie, trouvée au château Saint-Ange par les soldats du maréchal Franc-maçon, Masséna. Ce manuscrit apporte un précieux témoignage. De son propre aveu, Cagliostro n’avait pas encore pu se défaire des pièges de l’orgueil. « O mon fils, ne suivez pas mes travers, qu’un vain désir de briller aux yeux du monde ne cause pas votre perte… pensez à moi, pensez que c’est dans un cachot, le corps brisé par les tortures, que votre ami vous écrit… Dieu m’a puni, mais qu’ai-je fait aux hommes cruels qui me persécutent ? Quel droit ont-ils pour interroger le ministre de l’Eternel ? Ils me demandent quelles sont les preuves de ma mission. Mes témoins sont des prodiges, mes défenseurs mes vertus, une vie intacte, un cœur pur… Non contents de me faire souffrir les supplices les plus horribles, mes persécuteurs ont employé pour me tourmenter des moyens plus odieux encore, ils ont appelé l’infamie sur ma tête, ils ont fait de mon nom un objet d’opprobre. Les enfants des hommes reculent avec effroi quand le hasard les fait approcher des murs de ma prison, ils craignent qu’une vapeur mortelle s’échappe par l’ouverture étroite qui laisse passer, comme à regret, un rayon de lumière dans mon cachot. »
Messager de la Parole
Kabbaliste, alchimiste, mage, théurge, guérisseur mais surtout Franc-Maçon, créateur du Rite de la Maçonnerie égyptienne, Cagliostro pique la curiosité de ceux, qu’il veut éveiller. S’il n’y parvient pas, c’est que l’heure n’est pas propice ou que la personne refuse l’effort de libération spirituelle.
Cagliostro victime d’un double reniement :
- De l’Eglise Catholique Romaine,
- Des obédiences maçonniques athées et matérialistes.
Les termes de « charlatan » voire « d’escroc » ne lui ont pas été épargnés. Il est fâcheux que certains Maçons, se réclamant, en partie, de son Initiation, s’appuient sur le texte du Père Marcello, affidé du Saint Office Romain: « Vie de Joseph Balsamo, connu sous le nom de Comte de Cagliostro ».
Ainsi que Cagliostro le déclara devant ses juges, il voyagea beaucoup dans son adolescence et lorsqu’il vint à La Valette (Malte), en 1766, il fut reçu et hébergé pendant trois années, par le Cardinal da Fonceca, Grand Maître de l’Ordre de Malte, avec des égards, que celui-ci n’aurait certainement pas adressés à un bandit sicilien de basse naissance.
Dans la foulée, le Cardinal Orsini (caste patricienne la plus puissante de Rome qui donna trois Papes) l’invita à Rome. Ainsi, l’église, impuissante à freiner l’expansion de la Maçonnerie, malgré la Bulle d’excommunication de Clément XII, en 1738, tenta la séduction. Cagliostro, doué d’audace, détenteur de Connaissances Hermétiques, fragilisait son emprise sur les mentalités, donc sur la Société. Autant, dans un premier temps, l’amadouer.
De son côté, Cagliostro voulait prouver, par des faits dits « miraculeux » (Magie, Alchimie, Médecine ésotérique…), l’existence de Lois Universelles, non encore révélées, lois porteuses de progrès industriels, économiques, médicaux et spirituels. Cagliostro fit des prodiges pour emporter la conviction de ses contemporains sur la réalité des Enseignements de l’Hermétisme.
Le 10 mai 1785 Cagliostro inaugura son « Rite de la Haute Maçonnerie Egyptienne » à Lyon avec l’allumage des feux de la Loge-Mère « la Sagesse Triomphante ». Court de Gibelin traça le procès-verbal de cette réunion:
« Messieurs… » dit Cagliostro, « vous croyez que la Franc-Maçonnerie doit posséder la clé des Sciences Occultes et, n’ayant pu la découvrir dans vos Loges, vous avez espéré qu’il dépendait de moi d’apporter quelque lumière à vos recherches… Ne cherchez plus Messieurs l’expression symbolique de l’Idée Divine… C’est La Rose… et la Croix… » Suivirent ses prédictions sur la Révolution Française et les noms des grandes têtes qui allaient tomber… Bien sûr, le Mage suscita l’admiration mais éveilla aussi des rancœurs.
Sa mission était de diffuser aux Ordres Initiatiques « l’Arcana Arcanorum », une connaissance relative aux Rites de Haute Théurgie évocatoire à la source de l’Enseignement Alchimique. En ouvrant le « Sentier de la Sagesse », il conviait tous les hommes et toutes les femmes à l’Initiation, à la connaissance des Mystères relatifs à nos Origines, selon un Plan Divin mathématiquement déterminé. Il rêvait d’une transmutation de la conscience de l’Humanité, abolissant, à terme, la nécessité d’apprendre sur Terre par la souffrance. Là résidait le « Secret » de Cagliostro. Ce fut un échec mais la grandeur de l’homme et de son œuvre demeurent.