La Franc-Maçonnerie anglaise -
Dans les pays anglo-saxons, l’Ordre maçonnique (the Craft) est composé de trois degrés hérités des Guildes : ceux qui apprennent leur métier, ceux qui le maîtrisent et le pratiquent contre un salaire et ceux qui ont les moyens financiers d’employer les deux catégories précédentes. A partir du XVIIe et XVIIIe siècles la pratique du métier fut progressivement remplacée par la théorie, avec des rituels de plus en plus sophistiqués, qui aujourd’hui constituent la trame des cérémonies d’Apprenti-entré, de Compagnon du métier et de Maître-maçon, auxquelles s’ajoutèrent la cérémonie d’Installation d’un maître de Loge et deux degrés complémentaires, celui de la Marque en Ecosse, celui de la Sainte Arche Royale en Angleterre.
Par la suite furent mis en place les hauts-grades, side degrees, degrees beyond the Craft, AASR (REAA), York Rite, Order of the Temple… ils sortent du cadre de la Maçonnerie originelle.
Les « Charges » de 1723 revues en 1813
Les VI Devoirs d’Anderson traitent des buts et moyens de la Fraternity, des obligations des Maçons, du comportement en Loge et au-dehors, avec l’interdiction de débattre en Loge de politique ou de religion (article VI. §2)
Le premier Devoir demande au Maçon d’être de la religion dont tous conviennent, être « Good man and true ».
Le deuxième Devoir, enjoint au Maçon d’être fidèle au pouvoir civil et non plus à Dieu et au Roi, de ne jamais participer à un complot contre l’Etat et d’obéir aux magistrats.
L’organisation de l’Ordre, décrite dans les Règlements généraux en 37 articles de George Payne (1720), fait suite aux Devoirs. La trame de ces Règlements demeure, bien qu’ils aient été régulièrement amendés.
En 1813, au premier Devoir du Maçon fut ajoutée, une clause qui l’enjoignait à toujours obéir à la voix de sa conscience, considérée comme d’origine divine.
La croyance en Dieu (a belief in the Supreme Being)
La première question posée à un candidat est « Croyez-vous en Dieu ? » et la réponse doit être positive mais l’interrogatoire s’arrête là. Il serait hors de propos de lui demander ce qu’il entend par « Dieu » et inconvenant de lui expliquer ce qu’il doit entendre par là. Les Anglais, voient là une convenance acceptée par tous, quelles que soient les convictions personnelles.
La régularité
Initialement, un Franc-maçon était régulier, quand il était membre d’une Loge attachée à une Grande Loge, avec ses lettres de constitution et sa contribution au Fond de Charité (du temps de la Grande Loge de Londres & Westminster un Maçon non-attaché, était dit « de St-Jean » et non « irrégulier ».
Dans les trois Grandes Loges (Angleterre, Irlande, Ecosse) pour être régulière, une Loge doit posséder une lettre de constitution émanant d’une Grande Loge et marquée de son sceau. C’est une condition juridique et non un jugement de valeur.
Le mot « régulier » n’est pas employé dans les Constitutions anglaises ou écossaises. En Amérique, l’expression « Franc-maçonnerie régulière » est courante dans un contexte, où des Maçons clandestins se multiplient hors des Grandes Loges Traditionnelles.
La dérive du mot « régulier » prit forme dans la deuxième moitié du XIXe siècle, se cristallisa en 1872, avec l’abandon de la référence au GADLU dans les documents officiels du Grand Orient Belge et en 1877, avec la suppression, dans l’article 1er des Constitutions du Grand Orient de France, de l’obligation de croire en Dieu,. Elle atteignit son point d’orgue en 1905, séparation des Eglises et de l’Etat en France.
De jugement de fait, « régulier », devint un jugement de valeur, désignant les bons, les mauvais, les vrais et les faux…. On commença par mettre le mot régulier entre guillemets, puis on y ajouta le qualificatif « soi-disant ». C’est alors qu’apparurent les termes « Obédiences libérales » puis, « libéral », enrichis de l’expression « Obédiences adogmatiques ». Ces innovations visaient à rendre la monnaie de leur pièce aux « Bloody English ».