Louis-Claude de Saint-Martin, le philosophe inconnu -
«Consolez-vous, hommes de désir, si le silence de la nature est la cause de l’ennui qu’elle manifeste, rien ne peut devenir pour vous plus éloquent que ce silence; car c’est le silence de la douleur, et non celui de l’insensibilité. Plus vous observerez attentivement cette nature, plus vous reconnaîtrez que si elle a ses moments de tristesse, elle aussi ses moments de joie, et il n’est donné qu’à vous de les découvrir et de les apprécier… vous, hommes de désir, vous êtes sûrs que tout chante en elle, et prophétise par de sublimes cantiques sa délivrance.»
Louis-Claude de Saint-Martin s’incarna à Amboise (Indre-et-Loire) le 18 janvier 1743, dans une famille de la petite noblesse.
Après une courte carrière d’avocat, il s’engagea comme Lieutenant dans l’armée royale. Par l’entremise du capitaine de Grainville, Saint-Martin fut admis, dès 1765, dans l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l’Univers, fondé par Martinès de Pasqually. Les Rites Coëns furent, en partie, la source inspiratrice des thèmes développés dans son œuvre.
En 1771, il quitta l’armée pour se devenir le secrétaire de Martinès de Pasqually. Après le décès de ce dernier à Saint Domingue, en 1774, le disciple s’éloigne des opérations théurgiques du maître.
De 1773 à 1774, il séjourna à Lyon chez Jean-Baptiste Willermoz, lui aussi disciple de Martinès de Pasqually, qui créa en 1778 le Rite écossais rectifié (RER), dans lequel il intégra certains principes de la théosophie martinésiste.
Lors de son séjour chez Willermoz, Saint-Martin rédigea son premier ouvrage, paru en 1775 : « Des erreurs et de la vérité, ou les Hommes rappelés aux principes de la science ». A la suite de cette publication, l’auteur devint le « Philosophe inconnu ». En 1782, il édita le « Tableau naturel des rapports qui unissent Dieu, l’Homme et l’univers ». Vers cette époque, Louis-Claude de Saint-Martin, Maçon du Rite Ecossais Rectifié, se détacha peu à peu des voies de la théurgie pour s’orienter vers la prière et s’éloigna de la Franc-Maçonnerie.
Il s’établit à Strasbourg de 1788 à 1791, où il rencontra Mme de Böcklin, qui lui fit découvrir Jacob Boehme, dont il traduisit cinq ouvrages. Cette découverte bouleversa sa vie. Il en résulta une « Correspondance théosophique » échangée avec le baron Suisse Kirchberger.
Avec un groupe d’amis choisis, Saint-Martin prit une part active dans la Révolution Française. Il tenta d’instaurer une Synarchie, ( gouvernement exercé par des hommes, élus pour leur intégrité et leur qualités).
Il voit dans la révolution une perspective eschatologique. Sa conception théosophique est influencée par ces nouvelles données historiques. Dans « Lettre à un ami », 1795, il théorisa l’événement révolutionnaire, son origine et notre place dans l’histoire nationale et universelle. Il décrivit les conséquences de la chute et indiqua les voies par lesquelles l’Homme pourrait se régénérer, en entraînant la nature dans une gigantesque Réintégration, vision holistique d’un système théosophique à la fois cosmogonique, cosmologique et eschatologique.
Ses écrits concilièrent les enseignements de Martinès de Pasqually avec ceux de Jacob Boehme. « L’Homme de désir » 1790, puis « Le Nouvel Homme » et « Ecce homo » parurent en 1792, puis en 1802 « Le Ministère de l’homme-esprit » Certains de ses livres connurent une édition posthume comme « l’Éclair sur l’association humaine », des « Étincelles politiques ».
Louis-Claude de Saint-Martin, maître de la théosophie moderne, s’éteignit le 13 octobre 1803 à Aulnay, chez le sénateur Lenoir-Laroche.