MORCEAU D’ARCHITECTURE RL ASET-ASTARTE G∴L∴T∴I∴ -
Tenir sa lampe allumée
Que peut bien signifier cette lumière que vient juste de recevoir le nouvel initié d’une loge maçonnique. Celle qui l’a fait renaître puisque on lui a répété qu’il allait laisser derrière lui sa dépouille d’avant.
Cette lumière jaillissante est donc fertile puisqu’elle a le pouvoir de donner ou de redonner vie. C’est cette lumière dont les hommes sont en quête depuis des millénaires car elle renferme le plus grand des pouvoirs, celui de la vie. La vie physique ou la vie intérieure, à l’image de l’adage « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », maxime d’Hermès à laquelle les alchimistes opératifs ajoutaient « en sorte de faire l’intérieur comme l’extérieur et l’extérieur comme l’intérieur ».
Cette lumière peut être artificielle et symbolique lorsqu’elle jaillit dans le temple lors d’une initiation, mais elle peut être aussi naturelle lorsqu’il s’agit de capter les rayons du soleil ou encore invisible lorsque l’on parlera de la lumière intérieure. Sous ces différentes formes elle garde un principe identique et unique pour celui ou celle qui a décidé de se mettre en route.
Je vous invite ce midi à faire un voyage dans le temps et les traditions qui ont poussé les hommes de désir à la quête initiatique de la lumière.
Préhistoire :
Nous sommes le 21 décembre en Irlande. Ça ne veut pas dire grand-chose car ni cette date ni ce lieu n’existent encore, en tout cas pas sous ces dénominations car nous sommes il y a – 3.500 ans. Un homme est posté devant l’entrée d’une grande enceinte de pierre. C’est un tumulus de 85 mètres de diamètres qu’on appellera bien plus tard NEWGRANGE.
Pour bien situer ce moment entre histoire et préhistoire, nous sommes un peu moins de 1000 ans avant la construction de la pyramide de Gizeh. La civilisation sumérienne quant à elle n’en est qu’à ses début, nous sommes à la période d’Uruk et son roi Gilgamesh ne régnera que dans 1.000 ans.
L’homme qui se trouve devant la porte du tumulus où sont sculptées des spirales ne s’apprête pas à entrer dans une tombe, comme le penseront les archéologues du futur, mais dans un lieu sacré. Il traverse un tunnel qui s’achève en forme de croix donnant accès à une chambre. Ce sanctuaire va recevoir la lumière dans quelques instants car nous sommes à l’aube du solstice d’hiver et l’entrée du tumulus est orientée pour que le soleil y pénètre à son lever précisément et uniquement ce jour-là. Pendant quelques minutes la lumière y sera intense car la forme du tunnel fait en sorte que la lumière qui entre se resserre comme pour former un faisceau lumineux.
Il est indéniable qu’il s’agit là d’un rite de la lumière qui se pratiquait à Newgrange comme dans d’autres structures mégalithiques où il a été permis d’observer l’entrée de la lumière aux solstices ou aux équinoxes. C’est le cas aussi dans des grottes préhistoriques. Déjà l’homme célèbre le renouveau et la victoire de la lumière sur les ténèbres lorsque le 21 décembre le soleil va commencer à reprendre ses forces et renouveler toute la nature par son feu.
Mais ce symbole de fécondité et de recommencement ne s’arrête pas là.
Ce prêtre du néolithique connaît également les cycles plus complexes de Vénus. Dans la chambre au bout du tunnel sous le tumulus de Newgrange, la lumière de Vénus vient elle aussi frapper la même pierre précisément le jour où elle est la plus lumineuse une seule fois tous les huit ans. Imaginez ce qui pouvait bien se passer dans cette petite pièce et dans la tête de cet ancêtre lointain au milieu de l’hiver tous les huit ans.
Bien au-delà de cette période, nous avons à nous interroger sur ce que l’humanité primordiale nous a laissé en héritage et qui irrigue aujourd’hui encore notre inconscient collectif et notre quête personnelle.
Pensez-vous que les hommes n’étaient rien au-delà des traces que nous ont laissé les Egyptiens, les Sumériens, les Celtes aux alentours de -3 ou -4.000 ans ? Ne vous êtes-vous jamais demandé « mais avant eux que s’est-il passé ? ».
A Göbekli Tepe en Turquie a été découvert un ensemble monumental constitués de piliers de plusieurs tonnes mais aussi des bas-reliefs finement sculptés. Ses parties les plus anciennes, sont datées d’au moins 12 000 ans (!) à cette époque où les hommes ne sont que des chasseurs cueilleurs et des nomades.
A Gunung Padang, en Indonésie, une pyramide à degrés de 110 mètres de haut a été découverte et daterait de 10.000 ans.
Il faudra attendre 8.000 ans soit environ 160 générations à se succéder pour voir la pyramide de Gizeh sortir de terre. Mais à côté d’elle trône depuis des millénaires déjà une autre figure, celle du sphinx. Là encore bien des hypothèses se font jour face à l’histoire officielle qui voudrait que le sphinx n’ait que 2.500 ans alors que certains le datent de 10.000 à l’époque de l’ère astrologique du Lion…
L’histoire officielle n’aime pas beaucoup qu’on la contredise, tout comme les religions officielles. Mais la lumière comme la vérité est souvent à chercher non pas auprès des vainqueurs de l’histoire mais auprès de ceux qu’ils ont cru vaincre et qui perpétuent depuis des siècles et des millénaires une tradition lumineuse.
Un grand bond dans l’histoire nous amène dans l’Antiquité.
Nous sommes en – 500 à Eleusis en Grèce.
La révélation de la lumière est célébrée dans les cultes initiatiques des mystères d’Eleusis notamment. Ce culte renvoie à notre époque des symboles utilisés dans nos rituels francs-maçons. Une référence claire est faite au monde d’en haut et au monde d’en bas puisque le culte s’appuie sur le mythe de l’enlèvement de Perséphone, la fille de Déméter déesse de l’agriculture et donc de la fertilité, par Hadès, le dieu des enfers (souterrains).
Ces rites grecs étaient à la fois ésotériques et initiatiques avec des degrés différents et entourés du secret bien gardé par ses initiés.
Si la fertilité et la renaissance étaient au cœur des mystères, avec le symbole du blé, la lumière, elle aussi symbole de renaissance, était très présente dans le rituel notamment au moment ultime de l’initiation où l’hiérophante révélait dans une lumière éclatante les objets sacrés.
D’autres cultes à mystères jalonnent le monde Grec comme par exemple les Mystères de Samothrace où l’initié, revêtu d’habits blancs, reçoit entre autres une lampe qu’il doit tenir allumée durant la suite de la cérémonie à laquelle assiste une foule massée sur des bancs de part et d’autre d’une salle.
Un autre culte retient l’attention de l’Antiquité, celui de Mithra qui prend ses sources aux confins de la Perse et de l’Inde vers 1.500 ans avant JC où il est très clairement le dieu de la lumière de certaines civilisations, personnification du Soleil et par là même aussi symbole de la fertilité.
Il s’agit aussi d’un culte à mystère, initiatique et ésotérique de révélation et d’éveil qui durera plus de 2.000 ans. Il viendra se fondre avec d’autres cultes solaires pour devenir à son apogée le culte de Sol Invictus chez les Romains qui sera lui-même supplanté par le christianisme.
De leur côté, les Celtes à la même époque célèbrent début février la fête d’Imbolc en l’honneur de la Déesse de la lumière et de l’eau, Brigit. C’est une fête d’hiver mais qui pressent le printemps prêt à revenir, la nature déjà prête à renaître alors que les jours se sont déjà considérablement allongés. BRIGIT et sa fête d’Imbolc est une fête féminine, célébration de la déesse mère, lunaire, elle est associée à l’eau. Il est souvent d’usage que le rituel d’Imbolc soit mené par des femmes. Ses symboles sont le blanc, la neige, le lait, l’eau lustrale, la Lune, les chandelles représentant la Lumière. Pour honorer la Déesse-Mère, on place huit chandelles flottant dans une coupe d’eau.
On ne peut quitter l’Antiquité sans évoquer le zoroastrisme qui fut la première religion monothéiste dans la région de la Perse avant l’arrivée de l’Islam et qui honorait le feu comme symbole divin. Son dualisme perdurera et imprégnera bien plus tard encore les bonshommes cathares qui périrent sur les bûchers du moyen âge.
L’histoire du monde, son éveil pourrait-on dire, a été jalonnée également par des grands personnages initiés qui dépassent tous les autres par le message qu’ils véhiculent et la lumière qu’ils dégagent. Citons, en se référant au célèbre ouvrage d’Edouard Schuré : Rama, Krishna, Hermès, Moïse, Orphée, Pythagore, Platon, et enfin Jésus.
Le Christ me servira ainsi de transition pour quitter l’Antiquité et les périodes lointaines car il est le dernier grand initié de la lumière il y a à peine 2.000 ans, ce qui n’est rien à l’échelle de l’humanité.
Du plus profond des âges la lumière est captée et célébrée. Elle représente la divinité et vient nourrir le feu intérieur des initiés. Au regard de ce temps immense qui commence il y a plus de 10.000 ans, le christianisme qui apparaît avec la prédication de Jésus n’a rien d’extraordinaire. Un de plus pourrait-on dire, qui n’en est d’ailleurs lui aussi aujourd’hui qu’à 2.000 ans d’existence, pas plus que le culte de Mithra qu’il détrôna. Les cultes se succèdent mais une Tradition perdure avec en son centre la lumière.
Quand il rapporte la vie du Christ dans son Evangile, Luc dans son chapitre 12 cite ses paroles : « Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées. ».
Cette métaphore de tenir sa lampe allumée employée par le Christ signifie qu’il faut rester en éveil c’est-à-dire dans sa pleine conscience et ancré dans le moment présent. C’est cette attitude qui est porteuse d’élévation et qui permet de faire entrer la lumière en nous et d’aller la puiser au plus profond de nous.
Eckart Tolle rapporte dans son livre « le pouvoir du moment présent » l’anecdote du maître zen qui arrivent en catimini dans le dos de ses élèves et leur donne un coup de baguette afin de voir s’ils se font surprendre et s’ils ont quitté leur présence ; si l’élève reçoit le coup sans même avoir vu son maitre approcher c’est qu’il était absent, parti dans le flot (flow) de ses pensées et hors du moment présent et de la présence à soi, il n’a pas gardé sa lampe allumée.
Krishnamurti ne disait pas autre chose quand il disait que l’esprit était constamment préoccupé de lui-même ou encore de l’opinion d’autrui, une autre manière d’évoquer ce qu’on appelle plus communément l’égo. Il préconise de faire de l’espace en nous, un espace certainement nécessaire à la lumière. Il recommande aussi le silence qu’il qualifie « d’une forme extrême de l’ordre le plus haut qui soit ». Silence entre deux pensées, entre deux notes de musique, silence à la suite d’un bruit…dans ce silence naturel, il se peut dit-il qu’advienne cette extraordinaire sensation d’une présence, de quelque chose d’incommensurable, et qui n’a pas de nom.
Si comme nous l’avons vu l’homme du néolithique cherchait la lumière du soleil et de Vénus comme révélateur de la divinité, si l’homme de l’Antiquité partout sur le globe célébrait des rites et des divinités de la lumière, l’homme doit aussi chercher cette lumière, symbole de la divinité, à l’intérieur de lui-même.
Il n’y a là d’ailleurs aucun paradoxe car cela est conforme aux paroles d’Hermès : ce qui est en haut est comme ce qui en bas, et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut.
Cette révélation de la divinité intérieure, de la parcelle de lumière laissée en nous, nous en avons une trace dans notre rituel qui nous dit « c’est par sa conscience que l’homme est relié au divin ». La Tradition et les grands mouvements qui la jalonnèrent parlent de cette étincelle de lumière d’un Dieu aux noms multiples ou sans nom d’ailleurs… SANS ROI pourrait-on dire.
La race ou la génération des Sans Rois c’est le nom que Jésus donnait à ceux que leurs persécuteurs ont appelé les gnostiques.
Aux abords du deuxième siècle, la toute nouvelle Eglise chrétienne avait ainsi appelé ces hérétiques nourris d’une gnose dualiste* qui tire ses sources bien avant le Christ. Là aussi cette gnose est le véhicule de la Tradition et de ce savoir qui se transmets depuis la nuit des temps.
Pour eux l’âme est prisonnière de la matière et elle peut s’en extraire par la connaissance de soi ; nul besoin de salut, de clergé ni même d’une divinité extérieure… autrement dit, toute la religion qu’étaient en train de bâtir Pierre et Paul était mise en danger et leur vision et la mise en pratique du message du Christ totalement à l’opposé.
* La vie du gnostique est orientée vers une fuite du monde considéré comme la création du démiurge qui a donné lieu à un dualisme qui a séparé l’esprit et la matière. Ainsi, la création du démiurge, dieu imparfait, a donné une création imparfaite (image du diable).
» Le Royaume est à l’intérieur de vous « c’est le verset 21 du chapitre de 17 de Luc ; voilà ce que les gnostiques vont mettre en œuvre, comme d’autres traditions l’ont fait avant eux, comme d’autres le feront après, les cathares par exemples qui périront par milliers dans les flammes de l’Inquisition.
La bibliothèque gnostique de Nag Hammadi constitue aujourd’hui une source de ces premiers chrétiens qui furent vaincus par l’Eglise institutionnelle naissante mais qui réussirent jusqu’à aujourd’hui à véhiculer le véritable message christique, celui de l’initié, celui de cette sagesse qui provenait du fond des âges. Il en est ainsi de plusieurs Evangiles qui n’ont jamais eu leur place dans le corpus canonique officiel comme celui de Thomas dans lequel on peut lire les logia suivants : « Le Royaume est au-dedans de vous » ou « Ce que vous attendez est venu, mais vous ne le connaissez pas ».
Ainsi donc nous voyons que l’homme doit entreprendre un voyage intérieur initiatique et traverser différents cycles avant d’atteindre la libération de cette âme qui passe par la révélation de cette divinité qui est logée à l’intérieur de lui. C’est la Divine Comédie de Dante, c’est encore la pierre philosophale des alchimistes, le sentier de 22 lames du tarot, ou ce que tant de mouvements, de pensées ou de religions transmettront à travers toutes les époques et dans toutes les parties du monde.
Ainsi, les écrits de Thomas rejoignent ceux d’autres parties du monde qu’il aurait d’ailleurs visité après la disparition du Christ.
L’Egypte d’abord, où furent retrouvés ces écrits gnostiques qui ont en effet une résonnance avec des passages du Livre des Morts égyptien mais aussi des liens avec le dieu Thot (Hermès), qui enseigne le salut par la connaissance.
L’Inde ensuite où l’on trouve des thèmes gnostiques proches des textes hindous notamment dans un texte fondamental de l’hindouisme : la Bhâgâvâd Gîtâ. Krishna y enseigne que même si tous les chemins diffèrent, leur but fondamental reste le même : réaliser le Brahman et échapper aucycle des renaissances à travers la réalisation du Soi.
Cette sagesse orientale, mêlée à d’autres courants se reliant à la Tradition ont été repris dans une sorte de syncrétisme au 19ème siècle dans le courant, toujours en vigueur aujourd’hui, de la Théosophie. Ce mouvement fondé par Héléna Blavatsky se fonde sur une gnose initiatique universelle à l’origine de toutes les grandes religions. Cette connaissance est accessible à l’Homme par une métamorphose de son être en se mettant sur le chemin d’une quête intérieure du divin.
Un des ouvrages emblématiques de la Société Théosophique qui relaya ces enseignements est « La lumière sur le sentier » qui donne à la personne qui s’est mise en marche sur ce chemin des conseils et des règles. Citons à propos de cette lumière intérieure, la 12ème règle qui dit : « Car en toi est la lumière du monde – la seule lumière qui puisse être répandue sur le sentier. Si tu es incapable de la percevoir en toi, il est inutile de la chercher ailleurs. » Et à propos de cette voie à chercher et à emprunter il est dit dans la 20ème règle : » Cherche-la en plongeant dans les profondeurs mystérieuses et glorieuses de ton être le plus intime. Cherche-la en éprouvant toute expérience, en faisant usage des sens afin de comprendre la croissance et la signification de l’individualité, ainsi que la beauté ou l’obscurité des autres fragments divins qui luttent à tes côtés… ».
L’auteur explique que ce traité a été écrit pour ceux qui ignorent la sagesse orientale et qui veulent s’extraire de ce qu’on pourrait appeler la matière ou la vie matérielle et ses plaisirs faciles qui sont réalité l’illusion, appelée Mâyâ en sanscrit. Le but étant de sortir de cette prison pour atteindre l’état d’Union et d’accomplissement que la philosophie indienne et bouddhiste appelle Samādhi.
Aller vers la lumière c’est sortir de la prison de l’illusion dans laquelle nous vivons, ce dont beaucoup d’enseignements nous parlent, que ce soit le mythe de la caverne de Platon ou encore les enseignements de l’alchimie.
Ainsi pour les alchimistes il s’agit de transmuter la matière pour voir la vraie lumière. Le Christ est d’ailleurs pour eux le « Christos » assimilé au cristal, la pierre qui laisse passer la lumière sans résistance, le but de la quête alchimique. Le Christ étant un principe solaire il est aussi assimilé à Chrysos qui signifie l’or en référence à l’or alchimique qui a été transmuté depuis le vil métal. L’or et la lumière ont ainsi la même signification, c’est l’aboutissement de la quête alchimique, le Grand Œuvre.
Toutes ces allégories et ces termes différents selon les mouvements, les époques, les parties du monde ne font référence qu’à une seule chose, la lumière du divin en nous. Pour cela il faut se mettre en route et garder sa lampe allumée. Cette métaphore nous la retrouvons dans un autre support reflet de la Tradition universelle, le tarot, qui représente le grand œuvre alchimique, le chemin initiatique que l’homme doit emprunter, le voyage de l’âme pour revenir à sa source.
Si la lumière est présente dans plusieurs lames du tarot -le soleil, la lune, les étoiles -il est un personnage qui incarne particulièrement la quête de la lumière, c’est celui de la carte N°9 L’hermite.
Ce vieux personnage barbu qui a des airs de grand sage tient en sa main droite un bâton de pèlerin et dans l’autre une lanterne qu’il lève pour éclairer son chemin.
Dans le parcours de l’âme que représente le tarot, cet arcane peut avoir un double sens en fonction de ce que vous avez fait de votre parcours et du sort que vous a réservé la carte précédente, la justice, qui pèse avec sa balance et tranche avec son épée.
En effet si on a fait les mauvais choix pour notre âme et pour notre chemin, si la matérialité et l’égo nous gouvernent toujours, alors cet Hermite est vu comme un vieil homme fatigué qui essaie tant bien que mal d’éclairer par sa faible lanterne son chemin.
Mais si nous sommes toujours bien en route sur le sentier, si le jugement de la Justice est favorable, alors l’Hermite représente la sagesse et la connaissance. Il est un initié, avec ce H comme initiale du mot Hermite qui fait référence à Hermès et son bâton qui est celui de Moïse. Incarnant l’être en recherche intérieure détaché de toutes vanités, il ressemble au philosophe grec Diogène qui ne possédait qu’une lanterne et un bâton et qui parcourait les rues en criant aux passants « je cherche un homme ! ».
Pour Oswald Wirth il est le Maître secret qui travaille dans l’invisible pour conditionner le devenir en gestation. Notons au passage que cette appellation de « Maître secret » est la traduction du mot Christ en copte, référence directe à l’Egypte.
La lettre hébraïque Teth(ט) qui est associée à la carte de l’Hermite symbolise le changement d’état et exprime la sûreté et le refuge, l’introspection et la quête spirituelle.
Ce voyage commencé dans un tertre il y a plus de 10.000 en pleine préhistoire s’achève ici dans le temple d’Aset-Astarté en 2019, ère vulgaire du calendrier Grégorien, où la lumière est partout présente et symbolisée.
Maçons d’Egypte, nous avons pris place sous la voûte étoilée. Les gnostiques, pour qui le monde était celui du démiurge, le mauvais dieu, voyaient dans les étoiles des trous qui laissaient passer la lumière du plérôme.
Le vénérable maître est encadré par le Soleil et la Lune, les deux astres qui éclairent le jour et la nuit et qui éclaireront notre tenue de midi à minuit plein jusqu’à ce que « l’astre des nuits baigne de sa lumière les sanctuaires endormis ».
Ces astres lumineux sont complétés par les lumières de la loge que sont les officiers porteurs de leurs flambeaux, ainsi que les lumières des colonnes force, sagesse et beauté et la lumière éternelle.
Lors de leur initiation, au moment de recevoir la lumière, nos sœurs ont vu fulgurer un court instant Vénus après avoir traversé la pénombre, tout comme notre ancêtre du néolithique de Newgrange.
Et puis il y a les lumières qui rayonnent dans le monde invisible, celles qui sont présentent dans nos cœurs pour nous qui avons commencé à marcher tel le Mat du tarot sur ce sentier, en tenant nos lampes allumées comme l’Hermite en direction du Monde.
Dans le prologue de Jean qui est ouvert sur notre autel, il nous dit que Dieu – le grand architecte – est lumière. Une lumière qui est comme un guide comme nous le dit aussi le Psaume 119 (verset 105) « ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier ».
J’ai dit.