DECEMBRE 2019 – EDITO DE LA G.:L.:T.:I.: -
« Devenir vrai » voilà une injonction dont chacun pressent l’enjeu. Cette invitation à sortir de soi, à s’affirmer dans un élan vital et créatif représente un véritable défi pour l’homme de désir que nous sommes, pétri par nos croyances, nos engagements, nos points de vue qui reflètent la manière dont nous nous percevons, opinion bien évidemment en décalage avec le réel. C’est pourquoi, quand, pour la première fois, le Franc-Maçon franchit le seuil du Temple maçonnique, il appréhende mal le sens de la démarche initiatique, sa vision est brouillée, ses repères confus voire inexistants. La Loge a la tâche délicate de réorienter son désir, afin qu’il ne l’identifie pas à une marque honorifique, ou à un substitut de la religion, de la politique, du psychiatre, ou encore à un acte magique qui transformerait soudain un profane en Initié.
Que peut-on dire de l’Initiation souvent fantasmée ? Fille des profondeurs, elle est une porte qui s’ouvre sur un chemin exigeant. Si elle embrasse la totalité de l’Être, elle vise avant tout à déconstruire le nouvel Initié qui doit mourir pour renaître, dans un lâcher prise le révélant à lui-même. L’assiduité en Loge, l’écoute d’autrui et la recherche symbolique vont contribuer à transformer la virtualité de l’Initiation en expérience et un jour, peut-être, en réalité.
Beaucoup de jeunes Maçons désertent la Franc-Maçonnerie, faute d’avoir discerné le sens du processus, qui doit être expliqué avec patience. A l’évidence, nous ne pouvons pas devenir ce que nous rêvons être, en restant figé dans ce que nous sommes. La leçon est dure à admettre et encore plus difficile à retenir. Pour « devenir vrai », il faut accepter de renoncer à soi-même.